L’alimentation pendant la grossesse joue un rôle central dans le développement des bébés. Il est connu qu’une malnutrition maternelle sévère ou de déficit de certains nutriments (fer, iode..) est associée à un moins bon développement cognitif de l’enfant. De même, une bonne qualité de l’alimentation pendant cette période aurait un effet favorable sur le développement des enfants, mais ceci est moins étudié. L’équipe de Blandine de Lauzon-Guillain, directrice de recherche à l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), s’est penchée sur le lien entre la qualité nutritionnelle de la mère pendant la grossesse et le développement cognitif de l’enfant, dans le cadre de la cohorte Elfe, première étude longitudinale française d’envergure nationale consacrée au suivi de 18 000 enfants, nés en 2011, de la naissance à l’âge adulte, portée par l’Institut national d’études démographiques (INED) et l’Inserm.
Dans ce travail, présenté jeudi 6 octobre, les chercheurs ont recueilli ce que mangent les mères lors des trois derniers mois de la grossesse, puis le neurodéveloppement de l’enfant a été évalué par questionnaire à 1 an et 2 ans, puis par un enquêteur lors d’un entretien en face-à-face à 3 ans et demi.
Côté maternel, les chercheurs ont d’abord regardé l’adéquation de la consommation des femmes enceintes avec les recommandations nutritionnelles, notamment en termes d’apports en nutriments. Puis ils ont établi cinq profils alimentaires : « occidental » (avec une consommation plus élevée que la moyenne de frites, pizzas, viande rouge, charcuterie, gâteaux) ; « équilibré » (fruits, légumes, pain complet, légumineuses, yaourts) ; « pain et tartinables » (pain, beurre, chocolat, fromage…) ; « aliments transformés » ; et « petit-déjeuner », avec une forte consommation de lait, céréales…
« Les caractéristiques socio-économiques, de santé des mères, des interactions de la mère avec l’enfant… ont aussi été prises en compte », explique Blandine de Lauzon-Guillain, auteure principale de l’étude publiée en août dans American Journal of Clinical Nutrition.
L’impact des aliments ultra-transformés
Conclusion : « plus les femmes ont une bonne qualité d’alimentation pendant la grossesse, meilleurs sont les scores de neurodéveloppement à 1 an, 2 ans et 3 ans et demi », résume la chercheuse. De même, « plus les femmes enceintes consomment des fruits et légumes, et du poisson, meilleurs sont les scores de développement de l’enfant jusqu’à 3 ans et demi », ajoute Blandine de Lauzon-Guillain. Inversement, le profil nutritionnel « aliments transformés », ou une consommation trop élevée de charcuterie – les recommandations pour la population étant de ne pas dépasser 150 grammes par semaine –, sont associés à un moins bon développement cognitif.
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