Une guêpe s’approche de vous et voilà votre attention totalement aimantée. Il est en effet crucial de pouvoir se protéger d’un danger imminent. Mais qu’en est-il de ce qui, loin de nous inquiéter, nous attire ? Notre attention est-elle aussi efficace pour détecter l’objet de nos désirs ? Les chercheurs se sont intéressés à un plaisir quotidien et universel, l’alimentation. Mais comment mesurer le pouvoir d’attraction tentionnelle des aliments ? Pour ce faire, les chercheurs ont rivalisé d’imagination. Ils se sont tout d’abord demandés si des aliments pouvaient orienter préférentiellement l’attention de participants affamés.
Ainsi, Shelley Channon et Andrew Hayward, du département de psychologie de l’University College de Londres, ont utilisé une variante de la tâche de Stroop, dans laquelle habituellement on montre aux participants des mots dont ils doivent donner non pas l’identité mais simplement la couleur de l’encre. Classiquement, on présente le mot « bleu » écrit en rouge, et la bonne réponse est donc « rouge ». Cette tâche mesure notre capacité à nous focaliser sur une information (la couleur de l’encre) et à ignorer un autre paramètre ici non pertinent (le sens du mot). Dans le protocole de Channon, il s’agissait de donner la couleur de l’encre de noms d’aliments en ignorant l’identité du mot. Fait intéressant, les participants pouvaient sortir d’un jeûne ou être dans un état de satiété. Les résultats montrent clairement que les plus affamés restaient rivés au nom de l’aliment et se trouvaient ainsi plus lents pour donner la couleur de l’encre que les sujets contrôles, rassasiés, révélant ainsi le biais attentionnel lié à la faim.
Un lien avec l’hormone de l’appétit
De même, Richard Piech et ses collègues de l’université Vanderbilt (Etats-Unis) ont montré que la faim entraîne un phénomène d’attraction de l’attention irrépressible vers des images d’aliments pendant une tâche de détection visuelle. Cela va même plus loin, puisque Nils Kroemer et ses collègues de l’université de Dresde (Allemagne) ont montré que ce phénomène d’attraction est directement lié au métabolisme de la ghréline, l’hormone impliquée dans l’appétit. Karin Mogg, de l’université de Cambridge (Royaume-uni), et ses collègues ont, quant à eux, montré que la faim nous rend également plus attentifs, à notre insu, non seulement aux images mais également aux mots désignant des aliments. Voilà une bonne raison de faire une petite pause gourmande dans notre journée de travail ! Cela afin d’éviter d’être déconcentrés par un malencontreux petit creux…
Il vous reste 33.57% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.