Cet été, marqué par une succession de canicules, de sécheresses, d’incendies et d’orages, fut celui de tous les dangers, préfigurant notre avenir sous l’effet du dérèglement climatique.
Ce futur est encore plus sombre que prévu en France. Selon de nouvelles projections climatiques publiées dans la revue Earth System Dynamics le 4 octobre, le réchauffement pourrait être jusqu’à 50 % plus intense au cours du siècle que ce que montraient les précédentes estimations.
Si les émissions de gaz à effet de serre se maintiennent au même niveau, la température moyenne de l’Hexagone pourrait être supérieure de 3,8 °C en 2100 par rapport au début du XXe siècle. « Le réchauffement est bien plus grave que prévu en France. Nous avons été surpris par nos résultats », indique Aurélien Ribes, climatologue au Centre national de la recherche météorologique et premier auteur de cette étude menée par des chercheurs du CNRS et de Météo-France.
Le réchauffement moyen de 3,8 °C a été obtenu pour un scénario « intermédiaire », où les émissions de gaz à effet de serre progresseraient encore un peu avant de décroître. Les scientifiques considèrent que le monde suit pour l’instant cette tendance, au vu des émissions récentes et des politiques actuellement mises en œuvre. Les précédentes projections prévoyaient un tel niveau de réchauffement pour un scénario très émetteur, où les émissions ne sont pas contrôlées.
« Jusqu’à + 6 °C l’été » dans le scénario intermédiaire
Désormais, ce scénario pessimiste se voit encore aggravé. Selon les nouvelles modélisations, le thermomètre grimperait de 6,7 °C à la fin du siècle en moyenne en cas de très fortes émissions de gaz à effet de serre. Il est aujourd’hui considéré comme très peu probable, mais de tels niveaux de réchauffement ne peuvent être exclus, en cas d’emballement du climat lié à des événements tels qu’un fort relargage de méthane par le dégel du pergélisol dans l’Arctique. A contrario, un scénario très peu émetteur permettrait de limiter les dégâts, au mieux à + 2,3 °C à la fin du siècle en France.
Le réchauffement sera, dans tous les cas, plus fort l’été que l’hiver. Les étés pourraient ainsi être en moyenne 5,1 °C plus chauds qu’au début du XXe siècle, dans le scénario intermédiaire.
A titre de comparaison, l’été 2022, le deuxième plus chaud jamais observé en France, a marqué un écart de + 4 °C par rapport à 1900. « Avec nos nouvelles projections, on pourra s’attendre à des maximums journaliers de + 6 °C l’été », précise Julien Boé, directeur de recherche (CNRS) au Centre européen de recherche et de formation avancée en calcul scientifique, et l’un des auteurs de l’étude.
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