Son père et son grand-père ont sillonné les océans, il a préféré les hautes altitudes. Bertrand Piccard a tourné autour du monde en ballon, puis en avion solaire, et bientôt en zeppelin. Redescendu sur terre, il explore la jungle de l’Assemblée nationale à la tête de sa fondation Solar Impulse. A la main, un petit bréviaire de 50 propositions, « prêt à voter », pour protéger l’environnement et diminuer le gaspillage. Sa fondation avait, en 2021, identifié 1 000 solutions simples et rentables.
Il propose désormais aux politiques non pas de les financer, mais de créer le cadre légal qui leur permettrait de se développer. Cela tombe bien, puisque le gouvernement présente, vendredi 21 octobre, son projet de planification écologique et devrait débattre avec les députés, à la fin l’année, de sa loi sur la transition énergétique.
Alors que la France n’est pas en ligne avec les objectifs qu’elle s’est elle-même fixés en matière de transition climatique et environnementale, toutes les idées sont bonnes à prendre, surtout si elles existent déjà.
Par exemple, imposer une étude sur les possibilités géothermiques pour toute construction neuve ; encourager l’autoconsommation collective d’électricité ; favoriser l’éclairage public autonome à partir de panneaux solaires et de batteries ; permettre ou développer l’utilisation de dispositifs de stockage d’énergie, par batterie ou par réservoir d’eau ; imposer l’usage de béton bas carbone…
Besoin d’un coup de pouce réglementaire
Toutes ces solutions existent en France à petite échelle, sont rentables, mais elles ont besoin d’un coup de pouce réglementaire pour se développer. « Je suis contre le fait d’utiliser l’excuse des technologies de demain pour ne rien faire aujourd’hui », explique-t-il.
Le Suisse volant profite de sa notoriété d’aventurier pour pousser ses idées. Elles reçoivent une oreille attentive au MoDem, chez Les Républicains, mais moins à gauche de l’échiquier politique.
Car Bertrand Piccard ne propose pas de changer la société, mais d’en améliorer son efficacité. Les trois quarts de l’énergie électrique sont gaspillés, assure-t-il, voilà la priorité. Il préfère donc cette notion à celle de sobriété, tout en rejetant le procès en technophilie béate que pourraient lui intenter les Verts, plus séduits par les envolées de l’astrophysicien Aurélien Barrau que par le discours plus terre à terre de l’explorateur.
« Mon but est de moderniser le monde, pas de le pousser vers le futur, juste ramener le monde du passé vers le présent », dit-il. C’est le vrai combat idéologique qui attend l’écologie.