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Formation des nuages, cycle des pluies… Le rôle des forêts pour réguler le climat reste largement sous-estimé


Evapotranspiration dans les forêts d’épicéas, près de Liberec, en République tchèque, en septembre 2020.

S’il fallait encore convaincre de la nécessité d’accélérer les efforts en matière de lutte contre la déforestation, un rapport publié lundi 24 octobre par le World Resources Institute (WRI), un centre de réflexion américain spécialisé dans les questions environnementales, apporte des arguments supplémentaires. Cette étude, intitulée « Not just carbon », souligne que les forêts sont encore plus importantes que les décideurs ne le pensent habituellement pour la régulation du climat : au-delà du cycle du carbone, elles ont des effets sur les températures et les précipitations, dont les implications au niveau local, régional et global ne sont quasiment jamais prises en compte.

Aujourd’hui, les forêts sont d’abord considérées comme une source d’émission de CO2 – elles libèrent du carbone quand elles sont détruites, dégradées ou brûlées – et comme un puits de carbone – les arbres en séquestrent quand ils poussent. Mieux les protéger pourrait ainsi contribuer à hauteur d’environ un tiers aux efforts d’atténuation requis d’ici 2030 pour limiter le réchauffement à 1,5 °C. Mais les écosystèmes forestiers ont bien d’autres impacts sur le fonctionnement du système climatique dans son ensemble. « Ils ont aussi des effets biophysiques en jouant un rôle dans le transfert de chaleur et d’humidité entre la surface de la terre et l’atmosphère », détaille Frances Seymour, spécialiste des forêts au WRI.

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Les quatre principaux effets des forêts sur le climat, autres que ceux liés au carbone, ont été clairement démontrés par la science. L’albédo est le pouvoir réfléchissant d’une surface : les surfaces claires renvoient une grande partie de l’énergie solaire dans l’espace et peuvent avoir un effet de refroidissement. Au contraire, la canopée des forêts boréales par exemple, beaucoup plus sombre que la neige qui se trouve en dessous, absorbe cette énergie et contribue au réchauffement global. Ensuite, les arbres libèrent de l’humidité dans l’air et agissent comme une sorte de climatisation naturelle, un phénomène appelé « évapotranspiration ». Le caractère « rugueux » ou inégal du couvert affecte également la vitesse du vent et les turbulences, qui participent à éloigner la chaleur et l’humidité de la surface de la terre. Enfin, les arbres libèrent de petites particules, des aérosols, qui interagissent avec l’atmosphère.

Transfert d’humidité à travers les continents

Combinés, tous ces effets ont une influence sur la production de nuages, qui participent au refroidissement de la planète. « Après les grandes tempêtes qui ont détruit une partie des forêts dans les Landes en 1999, on a pu observer une baisse de l’ennuagement dans la région », confirme Denis Loustau, directeur de recherches à l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (Inrae) et spécialiste des interactions forêts-climat. Selon des travaux scientifiques récents, lorsque ces dynamiques non liées au carbone sont prises en compte, l’impact de la déforestation des forêts tropicales sur le réchauffement augmente de 50 %. « Les forêts tropicales sont donc bien plus importantes pour la régulation du climat que ce que l’on pensait, ce qui signifie qu’il faut leur attribuer une plus grande part des financements dédiés à la lutte contre la déforestation », insiste Frances Seymour.

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Written by Stephanie

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