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Le feuilleton météorologique inédit de l’année 2022 bouscule le monde agricole


La récolte d’un champ de maïs à Thun-L’Evêque (Nord), le 29 septembre 2022.

« Pour l’instant, le beau temps du mois d’octobre présente un gros avantage. Les conditions de semis d’automne sont très bonnes », témoigne Benoît Piétrement, président du conseil spécialisé dans les grandes cultures de FranceAgriMer et céréalier dans la Marne. Un satisfecit vite accompagné de l’expression d’une crainte. « Les premiers semis de blé et d’orge d’hiver ont été effectués début octobre, et jusqu’au 20 octobre environ. Or, avec la chaleur et quelques précipitations, les plus précoces ont germé et certains sont déjà au stade quatre feuilles. Cela va très vite. Jusqu’à présent, tout se passe bien, mais si cela continue trop longtemps, il y a un risque que la culture soit trop avancée et qu’elle devienne sensible au gel si les températures chutent brusquement », explique-t-il.

Cette avancée rapide des cultures concerne également le colza, planté dès le mois d’août. Soleil et chaleur dopent la croissance des plantes. Dans les jardins, les fraisiers remontants continuent à donner des fruits. Toutefois, « cela est normal, indique Xavier Mas, producteur dans le Lot-et-Garonne et président de l’Association d’organisations de producteurs (AOP) nationale Fraises de France. Habituellement, on termine la récolte au mois de novembre, mais il y a peu de volume de production à cette période de l’année ».

Les arboriculteurs sont, pour leur part, dans l’expectative. « Les feuilles ont du mal à tomber. Nous verrons au printemps si ce mois d’automne chaud aura des conséquences sur les arbres fruitiers », affirme Bruno Darnaud, président de l’AOP pêches et abricots, arboriculteur dans la Drôme. Quant aux éleveurs bovins, ils se félicitent de voir leurs troupeaux pâturer une herbe reverdie et fleurie.

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Il n’empêche. Ce nouvel épisode s’inscrit dans un feuilleton météorologique inédit qui s’est déroulé tout le long de l’année et bouscule les agriculteurs. « On peut avoir quelques jours chauds en octobre, mais jamais sur une durée aussi longue, souligne M. Piétrement. Tout est surprenant cette année. » Après un hiver doux qui a favorisé le démarrage des cultures, le printemps a été particulièrement sec et les fortes températures et le manque d’eau se sont encore amplifiés au cœur de l’été.

Blé, orge et colza ont tiré leur épingle du jeu

L’inquiétude est montée d’un cran chez les agriculteurs. De la moisson à la vendange en passant par la récolte des fruits, tous les calendriers ont été bousculés du fait de la précocité. Les volumes de production ont été plus ou moins affectés en fonction de leur exposition au stress hydrique et aux chaleurs. Si blé, orge et colza ont tiré leur épingle du jeu et si les vignes ont bénéficié de pluies salvatrices dans certaines régions au mois d’août, les rendements du maïs, de la betterave ou de la pomme de terre ont été affectés. Les prairies ont aussi grillé, obligeant les éleveurs à nourrir les bêtes avec du fourrage, avant de reverdir grâce aux précipitations d’août ou de septembre.

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