La sentence est tombée. « Les résultats des analyses ont mis en évidence une contamination de l’ensemble du réseau avec la détection de légionelles, de bactéries coliformes et d’Escherichia coli », écrit dans un communiqué du 14 octobre l’ARS Grand-Est. Un diagnostic qui réduit à néant le mince espoir de réouverture des thermes de Plombières-les-Bains (Vosges) pour la fin de l’année. C’est la troisième saison fichue depuis 2020. Autant dire une catastrophe pour la ville.
Un long cauchemar dont les habitants espéraient pourtant se réveiller. Car la préfecture demande depuis 2017 – date d’une première contamination – à la Compagnie des thermes, membre du groupe Avec, dirigé par Bernard Bensaid, de rénover le réseau d’eau et d’air qui relie les sources aux thermes. Le 14 avril 2021, inquiet de voir que l’entreprise n’a pas profité de la période du confinement pour entamer les travaux, Yves Séguy, le préfet, brandit la menace d’une fermeture administrative s’ils ne sont pas immédiatement lancés.
Les motifs de retard s’enchaînent
Les travaux commencent en septembre 2021. Bureau d’étude défaillant, pompe coincée dans une usine, import de matières premières freiné par la guerre en Ukraine… Les motifs de retard s’enchaînent. La Compagnie des thermes assure aujourd’hui qu’ils sont terminés. Mais ce n’est pas l’avis de certains salariés. « Nous avons testé les nouvelles installations. Rien ne va : l’eau arrive dans les baignoires à 70° plutôt qu’à 50°, la pression est insuffisante, les malaxeurs d’argile ne sont pas adaptés », liste, dépitée, une employée qui a tenu à garder l’anonymat. « Mensonges », répond Yves Jégo, l’ancien secrétaire d’Etat en charge de l’outre-mer de Nicolas Sarkozy, nommé délégué général du groupe Avec en juin 2022.
Toujours est-il que l’économie de Plombières-les-Bains est aujourd’hui à sec : 22 000 touristes se délassaient chaque année au spa balnéo-romain Calodaé. Désormais, il faut appuyer son nez sur les vitrines teintées pour distinguer les somptueuses mosaïques Art déco… et les bassins vides. Les antiquaires de la rue principale ne travaillent quasiment plus que sur Internet. Et la dernière boulangerie vient de fermer ses portes.
Et comme s’il fallait boire le calice jusqu’à la lie, le 9 août, l’Héraclès en peau de lion qui trônait dans la buvette du Bain national s’est volatilisé. Un Arsène Lupin a profité de la fermeture au public pour dérober la statue de 80 kilos. Les deux personnages sont retrouvés deux semaines plus tard par la gendarmerie de Remiremont, mais le mal est fait. Le Louvre accélère le rapatriement des seize statues en dépôt depuis 1934.
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