Le scénario redouté d’un affrontement violent entre opposants aux bassines et forces de l’ordre s’est produit à nouveau, samedi 29 octobre, à Sainte-Soline (Deux-Sèvres). Avec une intensité supérieure aux heurts qui avaient émaillé le « printemps maraîchin » organisé en mars dernier à l’autre bout de ce même département, dans le village de La Rochénard. Cette fois, les manifestants font état d’une trentaine de blessés, victimes selon eux de projectiles des tirs de grenades lacrymogènes et de lanceurs de balles de défense (LBD) dont certains « en pleine tête ». « 61 gendarmes ont été blessés, dont 22 sérieusement », a par ailleurs annoncé samedi soir le ministre de l’intérieur Gérald Darmanin. La préfecture des Deux-Sèvres rapportait plus tôt six interpellations.
L’affrontement semblait prévisible au regard de la détermination sans faille des opposants au projet de seize réserves de substitution pour l’irrigation agricole, dont la première a été réalisée à La Rochénard et la deuxième est en cours de construction à Sainte-Soline. Mais aussi en raison des forces en présence ce samedi : plus de 4 000 manifestants (7 000 selon les organisateurs) face à près de 1 700 militaires, équipés au sol de nombreux véhicules et d’un appui aérien de six hélicoptères. Ni l’interdiction signifiée aux syndicats CGT et Solidaires, dépositaires de la déclaration préalable à la manifestation, par la préfète Emmanuelle Dubée, ni le déploiement impressionnant de gendarmes autour du périmètre n’ont empêché des milliers de personnes de répondre à l’appel du collectif « Bassines non merci » et du mouvement les « Soulèvements de la Terre ».
« No bassaran ! »
La protestation avait même démarré la veille, vendredi, à La Rochelle, avec, à l’initiative de la Confédération paysanne, un rassemblement d’une cinquantaine de personnes devant l’entrée du Grand Port maritime de la Pallice et le blocage du pont de l’île de Ré. Après une soirée à l’ambiance « festive » sur le camp aménagé en plein champ, à Sainte-Soline, des manifestants ont convergé de toute la France samedi matin au cri de « No bassaran ! », comptant parmi eux l’eurodéputé écologiste Yannick Jadot, les députées Europe Ecologie-les Verts Sandrine Rousseau et Lisa Belluco, leur collègue du Parlement européen Benoît Biteau ou encore la députée La France insoumise Manon Meunier. La maire écologiste de Poitiers, Léonore Moncond’Huy, rapporte la « Nouvelle République », a écopé d’une amende de 135 euros alors qu’elle tentait de rejoindre le camp de base, sans avoir « fait valoir sa qualité d’élue ou de parlementaire ».
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