Avec ses 5 800 kilomètres de littoral, la France est vulnérable au risque de tsunami. Tel est le message qu’entend délivrer le Centre d’alerte aux tsunamis (Cenalt) à l’occasion de ses dix ans de fonctionnement. Installée à Bruyères-le-Châtel (Essonne), dans un bâtiment du Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA) abritant une salle d’analyse et une autre de traitement des données, cette structure pilotée par le ministère de l’écologie, du développement durable et de l’énergie, et celui de l’intérieur, réunit les experts chargés d’alerter les pouvoirs publics sur l’arrivée d’un raz de marée sur les plages françaises.
Des tsunamis en métropole ? L’idée n’a rien de ridicule, assure Hélène Hébert, chercheuse au CEA et coordinatrice nationale du projet Cenalt, qui compte aussi parmi ses partenaires le Centre national de la recherche scientifique (CNRS) et le Service hydrographique et océanographique de la marine (SHOM). « Ces ondes océaniques sont créées par la brusque mise en mouvement d’un grand volume d’eau, à la suite de la rupture d’une faille sismique sur des centaines de kilomètres, décrit-elle. Capables de se propager à des vitesses de l’ordre de 500 à 1 000 kilomètres à l’heure lorsqu’elles circulent au large, elles ralentissent et gagnent en intensité à l’approche des côtes, où elles provoquent durant plusieurs heures des variations du niveau de la mer, comparables à des successions de marées rapides et fortes. Ces dernières balaient tout sur leur passage, inondent les plages, déplacent les pontons et les navires dans les ports et créent de dangereux tourbillons qui peuvent venir creuser les sols. »
Si les « zones de subduction » placées à la jonction entre les plaques sont les plus à même de produire des phénomènes de grande ampleur, comme ces énormes vagues qui ont frappé le Japon, le 11 mars 2011, entraînant l’accident nucléaire de Fukushima, de simples séismes sous-marins ou côtiers de magnitude 6,5 peuvent générer des tsunamis, pour peu qu’ils surviennent à faible profondeur sur des failles orientées de façon adéquate. Résultat, indique Pascal Roudil, du CEA, rares sont les régions du globe non concernées par le risque : « La Méditerranée et l’Atlantique du Nord-Est eux-mêmes ont connu au moins une centaine d’événements de ce type depuis le début du XXe siècle, dont Bourmedès, en Algérie, le 21 mai 2003. » Pascal Roudil cite aussi « le tremblement de terre de Lisbonne, le 1er novembre 1755, quand certaines portions du littoral espagnol et marocain avaient été submergées sous 5 à 10 mètres d’eau. Même la Bretagne fut touchée à l’époque. »
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