Les températures élevées de ce mois d’octobre, qui commencent tout juste à se rafraîchir, ne sont pas sans conséquence sur la faune sauvage. En France, les oiseaux et les poissons semblent complètement déroutés, en particulier pour leur période de migration et de reproduction. “Les cigognes reviennent en France dès janvier, alors qu’avant, elles revenaient plutôt fin mars, rapporte Cédric Marteau, directeur du pôle “protection de la nature” de la Ligue de protection des oiseaux (LPO).
Des températures qui pourraient perturber leur cycle de reproduction
Hirondelles et martinets viennent à peine de s’envoler vers le sud. La LPO n’a jamais observé un tel retard de migration. “Il y a encore une semaine, on a observé des martinets noirs en Charente-Maritime, alors que ces espèces quittent normalement la France au mois de juillet”, indique Cédric Marteau. “La majorité des cigognes sont parties en migration, mais on en voit encore quelques-unes qui sont encore dans le secteur”, ajoute-t-il. “Et pour la plupart, elles ne vont pas franchir Gibraltar, elles vont rester au sud de l’Espagne parce que les conditions leur seront favorables et elles vont revenir plus tôt”, poursuit-il. “On a des cigognes qui reviennent en France dès le mois de janvier alors qu’avant, elles revenaient plutôt fin mars”, remarque-t-il depuis quelques années.
Ces oiseaux reviennent ensuite plus fragiles car leur période d’hivernage, en Afrique, est limitée pour reconstituer leurs ressources. Cela pourrait donc ensuite perturber leur reproduction.
Bars, maquereaux seiches, et araignées de mer ne migrent plus vers le large
Les poissons connaissent aussi des difficultés à migrer… Les bars, les maquereaux, les seiches et certains crustacés comme les araignées de mer ne prennent plus le large. “Les eaux côtières se refroidissent plus vite que les eaux du large en hiver”, explique Eric Feunteun, professeur en écologie marine au Muséum d’histoire naturelle. “Donc, l’automne, c’est la période où beaucoup d’espèces migrent vers le large pour chercher des eaux plus tempérées, et cette année, ce phénomène-là a sans doute été enrayé”, complète le chercheur, également responsable de la station marine de Dinar.
“Mais les ressources alimentaires sur les milieux côtiers, elles, ne sont pas forcément au rendez-vous !”, déplore Eric Feunteun. “Les animaux y exercent une pression plus forte sur les autres organismes que d’habitude, c’est tout l’écosystème qui en prend un coup”, conclut-il. Les chaleurs d’automne pourraient aussi accélérer l’éclosion, qui a normalement lieu après janvier. Les poissons risquent alors de naître déformés, c’est ce qui a été récemment observé sur des raies. Les nouveau-nés pourraient aussi avoir du mal à se nourrir en raison du manque de nourriture dans les eaux côtières.