Le domaine de la tech est en tension et n’échappe pas aux inégalités salariales avec des causes bien spécifiques au secteur.
Depuis le 4 novembre à 9h10, les femmes travaillent gratuitement jusqu’à la fin de l’année. C’est ce qu’indique un calcul établi par le média féministe Les Glorieuses. La tech n’échappe pas à la règle de l’inégalité salariale. A compétence et à poste égal, il y a une différence de salaires de l’ordre de 5%, selon une étude menée par l’organisation 50inTech.
“C’est un secteur en tension”, avance à Tech&Co Isabelle Collet, chercheuse en sciences de l’éducation à l’université de Genève et auteure de Les oubliées du numérique (Ed. Le Passeur, 2019). Ce constat est confirmé par l’étude menée par 50inTech, qui œuvre pour l’inclusion des femmes dans la tech. Réalisée en juin 2022, celle-ci montre que l’écart de salaires entre les hommes et les femmes dans ce secteur grimpe à 19,6% contre 15,8% tous secteurs confondus. “Calculé à l’échelle européenne, ce chiffre est aussi valable en France”, explique Caroline Ramade, fondatrice de 50inTech.
Dans le domaine de la tech, les comités de direction sont composés à 30% de femmes, selon cette même étude. Pour Isabelle Collet, le problème de l’écart des salaires ne se situe pas tellement à l’embauche “mais plutôt au cours de la carrière lorsqu’il s’agit d’atteindre des postes à responsabilité. Au sein de l’entreprise, les femmes sont souvent dirigées dans des branches annexes comme le marketing, la communication, qui sont des postes moins payés. La filière a du mal à intégrer les femmes durablement”, poursuit la chercheuse.
Plafond de verre, très lente évolution de carrière, une femme sur deux quitte le secteur après 8 ans. “Il y a une censure sociale. C’est de notre responsabilité, dans les fondations comme la nôtre, de créer les conditions optimales pour que les femmes intègrent et restent dans le secteur de la tech sans que tout le poids ne reposent elles”, note Peggy Vicomte, déléguée générale de Femmes@Numérique.
Sur ce point Caroline Ramade, préfère insister sur les salaires: “les femmes n’ont pas pour habitude de négocier leur salaire à l’entrée et les recruteurs ont la mauvaise habitude de demander les rémunérations des postes précédents”.
Alors que le secteur des cryptomonnaies est particulièrement touché, d’autres commencent à faire figure d’exception comme l’intelligence artificielle, selon Isabelle Collet. Preuve que des dispositifs se mettent en place et que le secteur bouge.
“Il faut compter, mesurer et établir des diagnostics pour chaque entreprise afin d’avoir une vision globale”, défend la chercheuse. En France, l’index Egapro oblige les entreprises d’au moins 50 salariés à mesurer les inégalités de salaires et les entreprises d’au moins 1000 personnes à publier leurs écarts éventuels de représentation parmi leurs cadres dirigeants.
Pour Caroline Ramade quatre leviers sont possibles pour faire progresser l’égalité entre les hommes et les femmes dans le secteur de la tech et réduire l’écart salarial: “mettre en place des compensations salariales, établir des grilles de salaires, négocier son salaire à l’entrée et renforcer les dispositifs de parentalité”.