Le site open source fait beaucoup parler de lui comme alternative à Twitter. Pour autant, il est loin d’en être une copie conforme.
Depuis le rachat de Twitter par Elon Musk, de nombreux utilisateurs indiquent leur souhait de quitter le réseau social pour se diriger vers une alternative, le site de micro-blogging Mastodon.
Le principe du site est assez similaire à Twitter, si ce n’est que son utilisation est bien plus “compartimentée”. Ici, pas de fil d’actualité général, mais des serveurs pouvant être administrés par n’importe qui, portant le nom d'”instances”.
Confidentialité
Sur Mastodon, n’importe quel internaute peut devenir administrateur et gérer son instance, comme si c’était son propre réseau social. Les administrateurs des différents serveurs ont ainsi, en pratique, accès aux messages privés qui y sont échangés.
Cet accès est rappelé dans les règles de confidentialité du site. Cependant, en plus d’être en anglais ici, ces règles de confidentialité sont souvent longues et laborieuses pour l’utilisateur.
“Gardez à l’esprit que les administrateurs des serveurs peuvent avoir accès à ces messages (privés, ndlr), et qu’ils peuvent en faire des copies ou les partager. Ne partagez jamais d’informations sensibles sur Mastodon”, peut-on lire dans les règles de confidentialité du site.
Ce fonctionnement n’est pas nouveau, et il est similaire à celui de Twitter, ou d’autres réseaux sociaux. Mais dans le cas de Mastodon, les administrateurs de service peuvent être des personnes issues de cercles proches. Si le fait de partager ses données avec des entreprises américaines ou chinoises n’a rien de rassurant, partager des messages privés avec des personnes de son entourage proche peut vite devenir complexe de termes de vie privée.
Pour cette raison, Mastodon rappelle d’ailleurs l’importance de bien connaître l’administrateur des serveurs sur lesquels on se rend, et de ne jamais partager de données sensibles.
De ce système découle un autre problème, mis en lumière par l’expert en cybersécurité Mathis Hammel. De la même manière que les administrateurs d’instances peuvent accéder à ces messages, ils peuvent également accéder aux mots de passe des utilisateurs. Il est donc impératif d’utiliser un mot de passe à usage unique pour s’y connecter afin d’éviter tout problème de sécurité.
Modération
La modération est l’un des points cristallisant les lacunes des réseaux sociaux, et Mastodon ne fait pas exception à la règle. Le modèle utilisé par Twitter est loin d’avoir fait ses preuves. Avec seulement 2000 modérateurs pour environ 400 millions d’utilisateurs mensuels actifs, le réseau social est l’objet de nombreuses critiques, accusant notamment une modération trop laxiste envers des propos haineux.
En raison de son caractère décentralisé, Mastodon n’applique pas de charte générale de modération. Cette dernière s’applique à chaque “instance”, au bon vouloir de son administrateur. Ainsi, la sévérité de la modération peut fortement varier entre chaque instance.
Sans charte généralisée pour encadrer les internautes, ou tout du moins, bannir les discours haineux, la responsabilité est donc individuelle à chaque instance.
Un algorithme peu optimisé
Au delà de ces questions sécuritaires, de nombreux internautes ayant migré de Twitter vers Mastodon font part de leurs difficultés à prendre l’outil en main. En cause, la multiplicité des serveurs mais également un algorithme moins au point que celui de Twitter. Les messages publiés par les utilisateurs se publient sans hiérarchisation, sans distinction de langue et par ordre chronologique.
Sur le papier, il s’agit d’une belle promesse d’égalité sur les réseaux sociaux, évitant à certains utilisateurs de “disparaître” dans l’algorithme. Mais dans la réalité, il s’agit d’un pêle-mêle complexe à appréhender, comme le souligne cet ingénieur spécialisé en intelligence artificielle.
Il ne faut pas pour autant considérer Mastodon comme une mauvaise solution, loin de là. Ces lacunes sont à mettre en perspective avec le nombre d’utilisateurs, qui n’a jamais dépassé les deux millions jusqu’à aujourd’hui. Désormais, le logiciel libre a les clés en main pour s’adapter à sa popularité nouvelle sans reproduire les écueils pointés du doigt chez ses gros concurrents.