Les rats sont-ils sensibles à la musique ? Perçoivent-ils les battements d’un tempo et y réagissent-ils ? Des chercheurs ont mis en évidence leur synchronisation sur certains rythmes en menant des expériences sur leurs comportements et en observant les activités neuronales chez ces rongeurs.
Les humains ne sont pas les seuls à battre la mesure quand ils écoutent de la musique : les rats le font aussi, même si leurs mouvements sont moins perceptibles, selon une étude japonaise récemment publiée la semaine dernière dans la revue Science Advances. Des rats qui n’avaient jamais été exposés à de la musique ont ainsi fait preuve d’une synchronisation innée sur des morceaux joués entre 120 et 140 battements par minute, soit la même fréquence de rythme à laquelle les humains réagissent généralement, d’après des chercheurs de l’université de Tokyo.
« Le cerveau des rats est conçu pour bien réagir à la musique », même si leur corps ne bouge pas trop, a déclaré mardi à l’AFP Hirokazu Takahashi, un scientifique ayant participé à cette étude. C’est pourquoi les chercheurs japonais ont utilisé des accéléromètres, des capteurs pour mesurer les micro-vibrations des rongeurs.
Les rats réagissent en étant soumis à la musique et ses rythmes. Serait-ce alors une compétence innée ? © Ito et al. Science Advances (2022)
L’hypothèse du tempo optimal partagé entre les espèces
« Nous pensons tous que la musique a des pouvoirs magiques, mais nous ne savons rien de ses mécanismes, [donc] nous voulions découvrir quels types de connections sonores plaisent au cerveau, sans l’influence de l’émotion ou de la mémoire », a encore ajouté Hirokazu Takahashi.
Les réactions des rats ont été testées avec plusieurs morceaux dont la Sonate pour deux pianos en ré majeur, de Mozart, jouée sur quatre tempos différents, ainsi que des chansons pop comme Born this Way de Lady Gaga, Another one bites the dust du groupe Queen ou Beat It de Michael Jackson.
Selon les chercheurs japonais, les résultats de leur étude vont dans le sens de l’hypothèse de l’existence d’un « tempo optimal » pour la synchronisation des battements qui serait commun à de nombreuses espèces. Une autre hypothèse considère que ce tempo optimal varie d’une espèce à l’autre en fonction de nombreux facteurs physiologiques comme la taille et le poids.
Hirokazu Takahashi dit vouloir explorer à l’avenir les effets des mélodies et des harmonies sur le cerveau, au-delà des rythmes : « Si la musique agit sur les émotions, ce serait vraiment très intéressant d’être capable de l’observer sur des animaux ».