Moins modéré et basé sur un abonnement, le Twitter d’Elon Musk pourrait s’attirer les foudres d’Apple et de Google, les garants de leur magasin d’applications respectif.
Twitter pourrait-il disparaitre des boutiques Google et Apple? Comme le raconte Bloomberg, le nouveau modèle par abonnement souhaité par Elon Musk pour son réseau social pourrait se heurter directement aux règles édictées par les deux géants de Tech.
Car, pour que Twitter atteigne la rentabilité, le milliardaire mise principalement sur deux changements majeurs: la liberté d’expression et une augmentation des revenus via abonnement. Mais ces deux points introduisent un rapport de force inévitable entre le réseau social et les deux autres géants américains.
Des impératifs éditoriaux et financiers
Avec une majorité d’utilisateurs se connectant via leur smartphone, Twitter est inévitablement soumis aux règles dictées par les deux groupes. Garants de la sécurité de leur magasin d’applications, l’App Store pour les iPhone et le Google Play Store pour les Android, Apple et Google posent des impératifs aussi bien éditoriaux que financiers aux applications qu’ils proposent.
Ainsi, la modération qu’Elon Musk souhaite minimiser au profit de la liberté d’expression semble indispensable pour continuer d’être distribué sur iPhone et Android. Les récentes vagues de licenciements au sein de Twitter ont “significativement” impactées les équipes de modération. Avec pour résultat un combat moins intensif contre les contenus haineux et la désinformation.
Une commission au profit des deux groupes
En janvier, l’application Parler avait été supprimée de l’App Store après avoir laissé des messages d’incitation à la haine et à la violence se propager en marge de l’attaque du Capitole à Washington, le 6 janvier. Pour être réintroduit, le réseau social avait dû revoir sa politique de modération des contenus.
La même sanction pourrait ainsi attendre Twitter. Le patron d’Apple, Tim Cook, a lui-même laissé entendre que la modération serait un point décisif sur le maintien de l’application au sein de l’App Store, rappelle Macg. Le dirigeant s’était tout de même montré rassurant : “Ils disent qu’ils vont continuer à modérer et je compte sur eux pour le faire”, a-t-il indiqué.
L’ancien responsable de la modération chez Twitter, Yoel Roth, s’inquiète également d’un possible non-respect des directives d’Apple et de Google, dans une tribune publiée dans le New York Times.
Mais c’est du côté du portemonnaie que les échanges risquent d’être tendus entre Twitter et le duo Apple et Google. Face au pari de l’abonnement pour obtenir une certification sur l’application et apparaître plus haut dans les recherches internes, les magasins d’applications se frottent les mains. Car chaque paiement effectué sur un smartphone induit une commission au profit des deux groupes. Respectivement 15 et 30% (la première année, puis 15%) des sommes payées sont récoltées par Google ou Apple.
Un duopole critiqué par Elon Musk
Bloomberg a calculé les commissions que percevraient Apple et Google dès la première année de souscription à Twitter Blue. Si seulement 1% des 250 millions d’utilisateurs actifs chaque jour optent pour l’abonnement à 8 dollars par mois, Apple empocheraient 72 millions de dollars pour Apple et Google 36 millions de dollars.
Depuis longtemps, Elon Musk conteste les commissions prises par les deux groupes informatiques. Critiquant le duopole formé par Apple et Google, le milliardaire estime que les taxes sont dix fois supérieur à ce qu’elles devraient être. Et la question des commissions pourrait bien être une cause une divorce.
Cette commission est déjà au cœur du conflit entre le fabricant d’iPhone et Epic Games, l’éditeur de Fortnite. Ce conflit financier empêche encore aujourd’hui les possesseurs d’iPhone de télécharger le jeu vidéo depuis l’App Store.