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pourquoi cette mesure s’applique aux 18-25 ans


Emmanuel Macron a annoncé la gratuité des préservatifs pour 2023, mais seulement pour les personnes âgées de 18 à 25 ans.

“En pharmacie, le préservatif sera gratuit pour les 18-25 ans” en 2023 a annoncé le président de la République Emmanuel Macron jeudi. Cette annonce inattendue intervient sur fond de recrudescence des infections sexuellement transmissibles (IST) en France et doit faciliter l’accès à cette protection.

“Le préservatif reste l’outil de protection le plus utilisé, cependant une baisse continue de son usage est observée”, écrivait ainsi Santé Publique France dans un bulletin épidémiologique fin novembre.

L’annonce surprise du président de la République a été saluée, bien que les modalités de sa mise en place soient encore en discussion, et les premières questions se posent.

“Il manque un petit quelque chose à cette annonce parce qu’il me semble tellement primordial de s’adresser aux mineurs en priorité”, déclarait ainsi sur BFMTV jeudi l’animateur Christophe Dechavanne, propriétaire de la marque de préservatifs “Sortez couvert”. Il qualifie tout de même cette mesure de “formidable”.

“L’âge moyen du premier rapport sexuel en France est à 17 ans”

Les moins de 18 ans sont en effet aussi touchés par les IST, comme le notait Santé Publique France dans un rapport de décembre 2020, soulignant par exemple une augmentation des cas de gonococcies et de chlamydia entre 2017 et 2019.

Pour cette dernière IST, la “progression est plus marquée chez les femmes de 15 à 24 ans (+41%) et chez les hommes (+38%), notamment ceux de 15-29 ans (+45%)”, écrit SPF. En 2020, première année de la pandémie de Covid, les cas ont reculé, principalement car les dépistages ont chuté.

“On n’a pas encore les chiffres 2021, mais on ne s’attend pas à une diminution. Au mieux, une stabilisation”, avait indiqué mi-octobre à l’AFP Pr Cécile Bébéar, responsable du Centre national de référence sur les IST bactériennes.

Interrogée par BFMTV.com, elle applaudit l’annonce d’Emmanuel Macron, et rappelle que “l’âge moyen du premier rapport sexuel en France est à 17 ans”, et qu’il n’est donc pas incohérent de faire seulement bénéficier les 18-25 de cette gratuité. Elle ajoute que les IST circulent bien davantage chez les plus de 18 ans, mais aussi bien après 25 ans.

“Les personnes ayant découvert leur séropositivité en 2021 avaient un âge médian de 37 ans d’après les dernières données de Santé Publique France dont 15% étaient âgées de moins de 25 ans”, rappelle ainsi auprès de BFMTV.com Marc-Antoine Bartoli, coordinateur prévention à Actup Paris.

Il souligne également qu’en 2021 lâge médian des personnes touchées par l’infection à chlamydia était de 23 ans. L’âge médian des personnes infectées par la gonococcie était lui de 27 ans, les jeunes de moins de 26 ans représentant tout de même 42% des cas.

“Une période où on observe plus de ruptures dans la contraception”

La tranche d’âge des 18-25 ans correspond en fait à “une période où on observe plus de ruptures dans la contraception”, explique à BFMTV.com Sarah Durocher, co-présidente du Planinng familial. Cela est en partie dû à un manque de moyens des individus de cet âge, comme des étudiants, “c’est un temps où on est plus pauvres”.

“Les mineurs ont encore moins de sous que ceux de 25 ans”, déclare également Christophe Dechavanne.

D’autres mesures de ce type concernent déjà les moins de 26 ans, comme la contraception gratuite des femmes. Mais cela s’applique aussi aux mineures. Cette gratuité “est motivée par le recul de l’usage de la contraception, souvent lié à des raisons financières”, explique le site Service Public.

Depuis décembre 2018, pour lutter contre le sida et les IST, des préservatifs sont déjà remboursés par la Sécurité sociale sur prescription d’un médecin ou d’une sage-femme. Mais ce dispositif est encore méconnu: seuls 21% des mineurs et 29% des 18-24 ans en ont connaissance, selon l’Élysée.

“Prendre en compte la sexualité des mineurs dès le collège”

Emmanuel Macron a tout de même évoqué le cas des adolescents jeudi, rappelant que “sur la santé sexuelle” des jeunes, “on a un vrai sujet”. Il a notamment évoqué la vaccination des adolescents – filles et garçons – contre les infections à papillomavirus, liées à l’apparition de plusieurs cancers.

“C’est un énorme travail d’information. Il faut le faire rentrer à l’école, il faut nous démultiplier et on va faire cet investissement”, a-t-il plaidé. Quant à l’éducation sexuelle, “nous ne sommes pas bons sur ce sujet. La réalité est très très loin de la théorie. On doit reformer beaucoup mieux nos enseignants sur ce sujet, on doit resensibiliser”, a fait valoir le chef de l’État.

Marc-Antoine Bartoli appuie également qu’il faut “prendre en compte la sexualité des mineurs dès le collège, et commencer si possible à en parler dès l’école primaire avec des outils adaptés”.

Il faut “former les enseignants, accompagner les jeunes – mineurs, ados et jeunes adultes – ne pas les laisser dans l’ignorance et la peur, c’est important.”

“L’un des enjeux majeurs c’est la santé des jeunes, des adolescents”, a assuré le ministre de la Santé, François Braun, interrogé ce vendredi sur BFMTV au sujet de la gratuité des préservatifs. Il a au passage rappelé que les IST peuvent avoir une incidence grave sur la santé et “sont une grande cause d’infertilité”.

Ces infections sexuelles “ont une incidence directe sur la santé sexuelle et reproductive à travers la stigmatisation, la stérilité, les cancers et les complications de la grossesse et peuvent augmenter le risque de contracter le VIH”, écrit l’Organisation Mondiale de la Santé.

Quelles modalités pour cette mesure ?

Les personnes interrogées rappellent que la distribution gratuite de préservatifs n’est pas une première. Les centres gratuits d’information et de dépistage, les Plannings familiaux “et les associations de lutte contre le VIH-Sida et les IST distribuent des préservatifs gratuitement toute l’année et pour tout le monde”, souligne ainsi Marc-Antoine Bartoli.

Sarah Durocher déplore d’ailleurs que les associations qui distribuaient déjà gratuitement ces protections aient de plus en plus de mal à en obtenir gracieusement: “c’est de plus en plus difficile. Les associations qui peuvent en achètent, mais pour les autres c’est plus dur”. Elle salue tout de même l’annonce d’Emmanuel Macron comme “quelque chose de positif”, et attend d’en savoir plus sur sa mise en place.

Si pour obtenir ces préservatifs gratuits “la carte Vitale est nécessaire, cela peut représenter un frein pour certains”, déclare-t-elle.

D’après les explications du ministre de la Santé, il ne s’agira pas forcément de donner gratuitement des préservatifs aux 18-25 ans, mais d’un “remboursement à 100% par la sécurité sociale, on est en train de voir comment on adapte” la formule. Actuellement “c’est possible sur ordonnance, on va le rendre possible sans ordonnance”, a-t-il assuré.

Si vous avez des questions au sujet de la contraception, la sexualité ou encore l’interruption volontaire de grossesse (IVG) un numéro anonyme et gratuit existe: le 08.00.08.11.11.

Salomé Vincendon

Salomé Vincendon Journaliste BFMTV

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Written by Pierre T.

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