Ce liquide gênant qui coule inopinément de nos narines l’hiver a un rôle primordial sur la protection de notre organisme.
Se moucher, renifler, éternuer et se moucher encore… Ces gestes bien connus de l’hiver accompagnent un liquide plus ou moins visqueux produit par le nez qu’on appelle la morve, ou de façon plus scientifique: le mucus nasal. Peu ragoutant, il joue pourtant un rôle essentiel dans notre organisme.
“Le mucus, à l’instar du cérumen (cire qui se trouve dans les oreilles, NDLR), a cet aspect ‘sale’ mais il est indispensable”, explique Amine Harichane, ORL pédiatrique et membre de la Société Française ORL (SFORL) à BFMTV.com.
· De quoi est composée la morve?
La morve “fait partie des liquides biologiques sécrétés par le corps”, ici la muqueuse nasale, explique Vincent Burcia, secrétaire général du syndicat national des médecins spécialisés en ORL (SNORL) à BFMTV.com.
Si le mucus sortant du nez est celui que nous voyons le plus, il précise que d’autres mucus sont produits par la bouche, la gorge, mais aussi les poumons ou encore les yeux.
“On décrit le mucus plutôt comme un fluide visqueux, composé principalement d’eau et de glycoprotéines qui permet de le rendre adhérent à la muqueuse”, déclare Amine Harichane.
“Le mucus est principalement composé d’eau. Mais il contient également des protéines spéciales, des sucres et des molécules qui aident le corps à contrôler les germes nocifs”, explique l’Institut américain de la Santé (NIH). On y trouve ainsi des anticorps.
· Combien en produit-on par jour?
Notre organisme crée en continu du mucus, tous les jours, sans que nous ayons pour autant le nez qui coule en permanence. “En période normale, il s’agit d’une sécrétion continuelle comme la salive”, explique Amine Harichane. Le corps en produit environ un litre par jour. “On ne le remarque pas en période normale, mais seulement quand il y a une surproduction.”
Cette fabrication de mucus nasal “peut grandement augmenter en période infectieuse ou allergique, jusqu’à 2 à 3 litres par jour”, ajoute-t-il. Car “dès qu’on a une allergie ou une bactérie, on produit plus de mucus”.
Par exemple, en cas de contamination par un virus, la muqueuse “gonfle, s’irrite et produit davantage de sécrétions, en une quantité telle que ‘le nez est bouché’ ou ‘le nez coule’. Elle est également le siège d’une inflammation associant rougeur, œdème (gonflement) et douleur de la gorge”, résume l’Assurance Maladie.
· Pourquoi est-elle essentielle?
Ce liquide est un outil pour repousser les intrus. “90% de l’air que l’on respire passe par le nez”, rappelle Vincent Burcia. Et cet air est loin d’être pur.
Le mucus nasal permet donc de le filtrer en capturant les organismes non désirables qui tentent d’entrer dans notre corps. Il va piéger dans son liquide ces éléments malvenus qui vont ensuite être renvoyés soit vers l’estomac, qui agira comme un incinérateur, soit vers l’extérieur.
“La toux ou l’éternuement sont provoqués par l’irritation de la muqueuse, et permettent, au passage, d’expulser des centaines de virus vers l’extérieur”, explique l’Institut Pasteur. “De la même façon, le nez qui coule, via la sécrétion de mucus par la muqueuse nasale, aident à évacuer les virus.”
Le mucus “représente une barrière contre les agressions extérieures, qu’elles soient infectieuses (bactérie, virus…) ou allergiques”, abonde Amine Harichane.
Les crottes de nez sont en conséquence des amas séchés de mucus et de particules prisonnières. “Un conseil: ne mange pas tes crottes de nez”, recommande ainsi la Cité des Sciences. “Elles peuvent être remplies de choses dégoûtantes comme les virus ou les bactéries.”
Ce liquide a aussi d’autres fonctions dans le corps. La morve permet ainsi “de lubrifier les voies respiratoires”, précise Amine Harichane. Ce qui permet de garder l’intérieur des narines humides et d’empêcher les tissus de se dessécher.
· Pourquoi change-t-elle de texture et de couleur?
Si le mucus est “fluide et transparent comme de l’eau”, cela plaide “en faveur d’une allergie ou d’un coryza (infection virale simple)”, décrit l’ORL.
S’il est “épais et jaune verdâtre comme du pus”, cela peut venir d’une infection bactérienne, comme une sinusite. “En effet, le mucus se charge de bactéries et change d’aspect pour s’évacuer.”
“Lorsque vous avez un rhume, une grippe ou une infection, votre organisme envoie des globules blancs pour réparer les lésions. Ces cellules contiennent des enzymes vertes qui modifient la couleur du mucus”, explique sur son site l’entreprise pharmaceutique canadienne Buckley’s.
L’aspect du mucus nasal évolue en fait au cours de la maladie. Après deux ou trois jours, il “cesse d’être translucide et devient plus épais, coloré (jaune-verdâtre), avec parfois des stries sanguinolentes”. “Ces sécrétions se modifient à nouveau quelques jours plus tard ; elles redeviennent moins épaisses, plus claires, puis elles diminuent en quantité et l’obstruction nasale disparaît”, écrit l’Assurance Maladie.
La morve peut aussi se teinter de rouge, un fluide à distinguer du saignement de nez, souligne Vincent Burcia. “Cela veut dire que la muqueuse est agressée et saigne”, explique-t-il.
“La muqueuse nasale est très vascularisée : en cas d’infection ou même de mouchage intempestif, de petits vaisseaux peuvent éclater et tacher de sang le mucus. Mais par définition le mucus est transparent ou épais, c’est le sang qui peut le faire rougir”, déclare également Amine Harichane.
· Quand faut-il s’inquiéter?
“Produire du mucus, c’est normal, avoir le nez qui coule en hiver, c’est normal”, insiste Vincent Burcia. L’ORL rappelle qu’en cas de rhume, les écoulements de nez peuvent “durer entre 7 et 15 jours” et s’arrêtent seuls.
Toutefois certains symptômes additionnels doivent alerter, comme une fièvre, un écoulement nasal qui ne s’arrête pas après plus de 15 jours, des douleurs prononcées ou des saignements répétés. Dans ces cas-là, il faut consulter un médecin.
“Il faut consulter lorsque (l’écoulement) devient chronique”, souligne également le CHU de Lille. “Un écoulement postérieur peut être responsable d’une toux chronique.”
Pour se sentir mieux en cas de rhume, l’Assurance maladie conseille d’humidifier “l’intérieur de votre nez avec des produits adaptés (sérum physiologique, spray d’eau thermale ou de mer)”.
En revanche, si “les vasoconstricteurs nasaux (à mettre dans le nez) ou oraux (à prendre par la bouche) permettent de réduire la sensation de nez bouché et facilitent la respiration, en diminuant le gonflement de la muqueuse”, ils ne doivent pas être utilisés de façon prolongée, associée et sans avis du pharmacien.
Vincent Burcia recommande de son côté de davantage se laver le nez, matin et soir, par exemple avec du sérum physiologique, “pour éliminer le mucus infecté” de la journée.