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L’épidémie de grippe est-elle vraiment plus intense cette année?



L’épidémie de grippe, particulièrement précoce cette année, s’intensifie sur l’ensemble des régions métropolitaines. Si celle-ci est particulièrement virulente cette année, l’épidémiologiste Philippe Amouyel explique à BFMTV.com que cela ne veut pas nécessairement dire qu’elle est plus grave.

L’épidémie de grippe continue sa progression sur l’ensemble du territoire métropolitain ces derniers jours. “Elle a commencé plus tôt et plus vite et est en pleine accélération actuellement”, confirme à BFMTV.com Philippe Amouyel, professeur de santé publique au CHU de Lille. “Mais ça ne veut pas dire qu’elle est plus grave que d’habitude”.

“La grippe est un virus cyclique, qui ressurgit chaque hiver”, rappelle le spécialiste. “Et comme c’est une saison au cours de laquelle on est cloîtrés chez soi, en intérieur, on a plus de risque de l’attraper parce qu’il circule dans des endroits clos. Vu qu’il a tendance à faire plus froid, on a tendance à moins aérer, et c’est dans les environnements tièdes et humides que les virus aiment se multiplier”.

La population plus vulnérable face au virus

Pour le professeur Philippe Amouyel, le démarrage fort et précoce de l’épidémie de grippe s’explique par le fait que la population y soit plus vulnérable cette année. “Notre terrain immunitaire est un peu moins armé face à la grippe parce que ça fait deux ans que cette épidémie n’a pas massivement circulé en France. L’immunité naturelle de la population a donc été beaucoup moins exposée au virus”.

C’est, selon lui, les gestes barrières et notamment le port du masque obligatoire imposés dans la lutte contre le Covid, qui avaient permis de réduire l’exposition à la grippe. “Il est indéniable que le port du masque, qui était entré dans nos habitudes ces deux dernières années, est efficace contre la propagation de toutes les infections respiratoires. On le voit: maintenant que les gens ne le portent plus massivement, les virus se propagent davantage à travers la population”.

Mais surtout, à l’époque, les inquiétudes liées au Covid avaient poussé beaucoup de personnes fragiles à faire le vaccin contre la grippe saisonnière. Ce qui n’a pas été le cas cette année. En plus d’un manque criant de médicaments lié à la pénurie s’ajoute un retard sur le calendrier de la vaccination. Début décembre, l’OCDE avait même exhorté à “redoubler d’efforts” en France, après “un démarrage bien plus lent” que les années passées.

Une triple épidémie

Toutefois, pour l’épidémiologiste, il n’y a pas de raison pour que les symptômes de la grippe soient plus sévères cette année. Pour expliquer cette impression, le professeur pointe une méconnaissance de la grippe. “On a tendance à l’oublier, mais les symptômes de la grippe sont toujours par définition assez sévères. Tout ça est dû à un abus de langage. Lorsqu’on est enrhumés, il est d’usage de dire qu’on dit qu’on a la grippe. Or, souvent ce n’est pas le cas.”

Et d’ajouter: “lorsqu’on a vraiment la grippe, en général on s’en souvient: on est cloués au lit 4-5 jours avec de la fièvre et on a mal partout. C’est assez violent, et ça peut créer de sévères complications chez les personnes les plus fragiles, notamment les seniors”.

Si l’épidémie n’est pas plus grave que d’habitude, sa précocité complique la donne pour les services de santé, déjà encombrés par les cas de Covid et de bronchiolite. Ainsi, en une semaine, les hospitalisations pour grippe et syndrome grippal ont plus que doublé, selon les chiffres publiés mercredi par Santé publique France, qui dénombre quelque 1500 cas en Île-de-France. Et le nombre de passages aux urgences pour ce motif a augmenté de 84% par rapport à la semaine précédente.

La situation est compliquée par le fait qu’une nouvelle vague de Covid a fait son apparition sur le territoire national, même si celle-ci est en train de ralentir. Le pic de l’épidémie de bronchiolite, lui aussi, semble passé car les nouveaux cas sont en train de ralentir, selon les chiffres du dernier avis Covars. Mais près de 2000 bébés restaient hospitalisés en France pour cette raison la semaine dernière.

Le médecin Rémi Salomon, chef du service néphrologie-pédiatrie à l’hôpital Necker à Paris, a tenu à alerter les Français mercredi sur BFMTV au sujet de la saturation des hôpitaux et des urgences. Il a rappelé l’importance de respecter les gestes barrières, surtout en cette période festive, mais aussi celle de se faire vacciner contre la grippe, alors que la campagne vaccinale patine cette année chez les seniors.

Jeanne Bulant Journaliste BFMTV

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Written by Pierre T.

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