Très peu détecté en France, ce sous-variant d’Omicron était majoritaire à Pékin début décembre. Sa forte contagiosité pourrait être une des origines de l’explosion des cas de Covid-19 dans le pays.
“C’est une situation explosive.” Imad Kansau, infectiologue à l’hôpital Antoine-Bécière de Clamart (Hauts-de-Seine), a réagi sur BFMTV à l’augmentation fulgurante des cas positifs au Covid-19 en Chine et tiré la sonnette d’alarme.
Depuis la levée, début décembre, des mesures sanitaires drastiques mises en vigueur au début de la pandémie, “au moins 250 millions de personnes ont été infectées en Chine”, a affirmé sur notre antenne Christian Bréchot, virologue et président du Global Virus Network. “Jusqu’à récemment, on était autour de 660 millions depuis le début de la pandémie dans le monde entier”, a-t-il ajouté.
Des chiffres qui sont “en train de s’affoler”, en partie à cause de la propagation d’un sous-variant d’Omicron, BF.7. Cette sous-lignée de BA.5 est devenue majoritaire à Pékin au début du mois, d’après le site spécialisé livescience.
Un taux de reproduction plus important?
Le 16 décembre dernier, Antoine Flahault, épidémiologiste et directeur de l’Institut de santé globale de l’Université de Genève, a écrit, sur Twitter, que “BF.7 aurait un R0 (taux de reproduction du virus) de 10 à 18.6. Cela signifie qu’une personne contaminée transmettra le virus, en moyenne, à entre 10 et 18,6 autres personnes, contre 5.08 en moyenne pour Omicron”, citant un article du tabloïd chinois Global Times.
Selon Li Tongzeng, un expert médical à l’hôpital Xiaotangshan de Pékin, repris dans l’article, les symptômes de BF.7 sont similaires à ceux des autres sous-variants d’Omicron: fièvre, toux, maux de gorge ou encore vomissements, diarrhées…
Même si les premières études tendent à affirmer que BF.7 n’est pas plus virulent que les autres mutations d’Omicron, sa forte contagiosité est source d’inquiétudes pour les autorités sanitaires mondiales.
L’émergence d’autres mutations?
“Une pandémie, c’est un problème global, mondial. On ne peut pas raisonner en franco-français. Ce qui se passe en Chine va forcément retentir d’une manière ou d’une autre sur la santé globale”, a assuré Christian Bréchot.
“Une explosion de cas dans une situation assez dramatique peut avoir des conséquences dans le reste du monde, a déclaré l’infectiologue Imad Kansau, pour le reste des pays, c’est un vivier de virus qui peuvent encore donner des mutants.”
En effet, plus le virus circule, plus de nouveaux variants ou sous-variants avec des caractéristiques plus dangereuses peuvent apparaître. Le risque sanitaire ne serait donc pas immédiat – surtout en France où le taux de vaccination est élevé.
“Il va y avoir, possiblement, l’émergence de variants plus transmissibles”, a d’ailleurs alerté Antoine Flahault sur notre antenne.
Mais, le suivi de l’évolution de l’épidémie en Chine va être de plus en plus compliqué. Depuis dimanche, la Commission nationale de la santé, équivalent d’un ministère, a indiqué qu’elle ne publierait plus les chiffres quotidiens des cas et morts du Covid, comme elle le faisait depuis le début de la pandémie.
L’arrêt de l’économie du pays
Les plusieurs dizaines de millions de cas quotidien détectés en Chine pourraient à nouveau freiner l’activité du pays et directement avoir des répercussions sur le reste du monde, notamment la France avec des pénuries de matériaux ou même de médicaments.
Par exemple, le 24 décembre, Rémi Salomon, président de la commission médicale de l’AP-HP, rappelait dans un tweet que “80% des principes actifs, la matière première pour nos médicaments, sont fabriqués en Chine et en Inde”.
“La vague Covid qui submerge actuellement la Chine risque d’aggraver nos difficultés d’approvisionnement en beaucoup de médicaments”, a-t-il écrit, évoquant le besoin de “relocaliser la production”.