Ras-le-bol des insomnies et de se lever en pleine nuit ? Beaucoup de Français auront pris cette année comme bonne résolution de reprendre leur sommeil en main et d’en finir avec les tracas nocturnes. Car mal dormir, ce n’est pas seulement avoir plus de chances de piquer du nez dans la journée, mais c’est aussi plus de chances de tomber malade, majorer son risque cardio-métabolique ou encore prendre du poids. D’où l’importance de chouchouter son sommeil. Dans Bienfait pour vous sur Europe 1, le professeur Pierre Philip, spécialiste du sommeil au CHU de Bordeaux, détaille comment comprendre son sommeil et faire en sorte de passer les nuits les plus agréables possibles.
Le sommeil, une caractéristique innée
Si faire attention à son sommeil est important, tout le monde n’est pas égal sur le sujet. Certains ont besoin de faire de longues nuits, d’autres sont frais comme des gardons avec seulement cinq heures de sommeil. Une partie de la population se considère du matin, tandis que l’autre préfère être du soir. Si on peut dire que “90% des gens ont besoin de 7 à 9 heures de sommeil” résume Pierre Philip sur Europe 1, cela reste une moyenne.
Ces différences dans le sommeil, selon le professeur, ne sont pas subjectives, mais bien “innées”. “Il y a deux composantes dont on hérite : l’horloge, qui explique si on est du matin ou du soir, et la durée du sommeil.” Un enfant d’un couple de longs dormeurs a alors de grandes chances d’être lui aussi un amoureux du sommeil. Ainsi, il est difficile de changer sa nature, et il est plus judicieux de comprendre son horloge et de s’adapter à elle.
“Évaluer son sommeil”
Pour essayer de comprendre son sommeil, il faut “apprendre à évaluer son sommeil un peu comme on évalue sa consommation alimentaire” : “Ce que l’on a observé, c’est que les gens qui commencent à regarder comment ils dorment sur une période prolongée avec des agendas de sommeil, réduisent en fait leurs plaintes de sommeil”, souligne le professeur Pierre Philip à l’antenne d’Europe 1. En observant ses nuits, on se rend généralement compte que l’on n’est pas un aussi mauvais dormeur que ça.
Dans des thérapies comportementales, le professeur montre ainsi qu’il ne faut pas traiter la plus mauvaise des nuits mais augmenter le nombre de bonnes nuits. “À terme, si vous avez cinq très bonnes nuits dans la semaine, c’est pas si mal que ça. Il y a des clés, en particulier la régularité.”
Se forcer à se coucher, la fausse bonne idée
Construire un rythme de sommeil est primordial pour l’améliorer. Mais se forcer à se coucher tous les jours à une heure précise n’est pas pour autant un réflexe à adopter. “Grâce à un lever constant, vous allez accumuler une durée de veille qui va vous donner une pression de sommeil [l’envie de dormir, ndlr] et qui facilite l’endormissement”, détaille Pierre Philip au micro d’Europe 1. “Donc l’idée n’est pas du tout de se coucher tous les jours en même temps. C’est au contraire de mettre en place un marqueur en fonction de vos impératifs sociaux et de cumuler à peu près 17 heures de veille.”
Pour un adulte, 17 heures de veille (ou d’éveil) correspond à la période nécessaire et suffisante pour s’endormir plus facilement mais aussi éviter les éveils pendant la nuit. Se coucher plus tôt, même en étant fatigué, c’est risqué de ne pas atteindre ce quota et donc mettre du temps à s’endormir, se réveiller pendant la nuit et avoir un mauvais sommeil. “Il faut retarder l’horaire du coucher pour que, au moment où vous alliez au lit, vous ayez la plus grande rapidité d’endormissement et la plus grande continuité.” Ce principe de régularité est le plus important à respecter pour améliorer la qualité de ses nuits.
Néanmoins, la grasse matinée du week-end est toujours possible, en restant “raisonnable”. Le professeur Philip préconise une heure de variations entre semaine et week-ends.