Mathieu
Jusqu’à 25% des élèves du secondaire et du collège abusent de stimulants sur ordonnance tels qu’Adderall face à une pénurie nationale du médicament pour le trouble de déficit de l’attention avec hyperactivité (TDAH), selon une nouvelle étude publiée mardi dans le Journal de l’Association médicale américaine. Les chercheurs de l’Université du Michigan ont analysé les réponses à des enquêtes dans des écoles à travers le pays pour évaluer l’utilisation de stimulants sur ordonnance chez les élèves atteints de TDAH et ceux qui utilisent le médicament à des fins non médicales. Ils ont découvert qu’un élève sur quatre abusait du médicament prescrit pour traiter le TDAH, qui touche 6 millions d’enfants de 3 à 17 ans aux Etats-Unis.
Les chercheurs soulignent que la pénurie d’Adderall et d’autres formes de thérapie stimulante dans le pays a entraîné la vente de médicaments contrefaits en ligne ou partagés entre amis et membres de la famille, pouvant contenir du fentanyl ou d’autres substances illicites potentiellement dangereuses. Les conséquences d’un usage prolongé peuvent provoquer des troubles cardiovasculaires, dépressions, crises d’angoisse, psychoses, crises convulsives et un trouble d’utilisation de stimulants. Il est important de sensibiliser les adolescents sur ces nouveaux risques, souligne la Dre Nora Volkow, directrice de l’Institut national sur les abus de drogues.
L’étude a été menée auprès de 3 284 écoles entre 2005 et 2020. Les chercheurs ont découvert que la consommation de médicaments stimulants auprès des écoliers qui en ont fait un usage non médical variait de 0 % à plus de 25 %, selon l’établissement. Les écoles où il y avait un taux élevé d’abus de stimulants avaient généralement plus d’élèves qui recevaient une thérapie stimulante pour traiter le TDAH. Ils étaient situés dans des quartiers de banlieue, avaient une proportion plus élevée d’étudiants blancs, étaient fréquentés par des enfants de parents ayant une éducation supérieure, contenaient des étudiants engagés dans des consommations abusives d’alcool de niveau « moyen », définies comme 10 % à 19 % du corps étudiant. Les élèves de ces écoles présentent un risque accru de 36 % d’abus de stimulants par rapport à ceux qui fréquentent des écoles où l’utilisation de cette thérapie est plus faible.
Il est important de préciser que la prise de ces stimulants est une pratique médicale admise pour traiter le TDAH, mais qu’elle peut également causer des préjudices lorsqu’elle est utilisée sans prescription ou sans avis d’un clinicien. Face à la pénurie d’Adderall, qui a été aggravée pendant la pandémie, les prescriptions de stimulants ont augmenté de plus de 10 %, en particulier chez les femmes, certaines d’entre elles ayant recours à l’auto-diagnostic sur TikTok. Les autorités mettent en garde contre l’abus de ces médicaments, qui peuvent causer des effets secondaires indésirables.
« L’essentiel ici n’est pas que nous devons réduire les prescriptions de stimulants pour les élèves qui en ont besoin, mais plutôt que nous devons trouver de meilleurs moyens de stocker, de surveiller et de dépister l’accès aux stimulants et leur utilisation chez les jeunes pour prévenir les abus », a déclaré le Dr. Sean McCabe, auteur de l’étude. Le NIH a également mentionné des études antérieures qui ont révélé que plus de la moitié des adolescents qui abusent de stimulants sur ordonnance obtiennent les médicaments auprès de leurs amis ou de leur famille. McCabe souligne “la nécessité critique” d’informer les adolescents sur les médicaments stimulants sur ordonnance afin d’en limiter l’usage abusif.
