Une nouvelle étude publiée dans la revue Nature Geoscience révèle que les produits chimiques utilisés dans les climatiseurs et les réfrigérateurs, qui ont contribué à percer la couche d’ozone, continuent de s’accumuler dangereusement dans l’atmosphère. Bien que ces produits aient été progressivement éliminés depuis la signature du protocole de Montréal en 1987, les scientifiques ont constaté une concentration alarmante de plusieurs types de ces produits chimiques. Les alternatives utilisées à la place des produits qui causent des dommages à la couche d’ozone semblent contribuer à l’augmentation de leur concentration dans l’air. Bien que la couche d’ozone soit en train de se rétablir, la persistance des émissions de ces produits pourrait annuler ce progrès et aggraver le changement climatique.
Le protocole de Montréal était un accord global visant à résoudre le problème de la couche d’ozone, découverte en train de se détériorer dans les années 1980. L’accord a interdit la production et la consommation de produits responsables de cette détérioration. La recherche a montré que les émissions de cinq types différents de chlorofluorocarbures (CFC) ont augmenté depuis 2010 malgré l’interdiction de ces produits chimiques. Ils étaient auparavant largement utilisés dans les climatiseurs, les réfrigérateurs, les aérosols, les emballages en mousse et l’isolation.
La production de ces produits chimiques devait être totalement arrêtée en 2010, mais la nouvelle étude suggère que certaines entreprises ont trouvé des moyens de les utiliser en tant qu’ingrédients pour fabriquer des alternatives à ces produits. Cela a conduit à l’augmentation des émissions de ces produits en raison d’une faille dans le protocole de Montréal, qui permet l’utilisation de ces produits comme matière première pour d’autres produits. Les CFC peuvent donc être utilisés pour la fabrication de certains hydrofluorocarbones (HFC), qui sont censés remplacer les CFC dans les climatiseurs, les réfrigérateurs et les extincteurs. Les HFC ont un fort potentiel de réchauffement climatique lorsqu’ils fuitent dans l’atmosphère.
Les émissions de ces quelques gaz sont maintenant devenues aussi importantes que celles de tous les gaz à effet de serre émis par la Suisse, selon le chercheur Stefan Reimann de l’empa, les laboratoires fédéraux suisses pour les sciences des matériaux et de la technologie. Les scientifiques ont utilisé des données recueillies auprès de 14 sites dans le monde pour mesurer les concentrations de ces produits chimiques dans l’air, mais ne parviennent toujours pas à déterminer avec certitude la source des émissions.
Bien que la pollution résultant de ces émissions ne soit pas suffisante pour annuler les décennies de travail visant à éliminer la plupart des produits responsables de la détérioration de la couche d’ozone, la recherche avertit que si les émissions continuent d’augmenter, cela pourrait retarder la reprise et contribuer aux nouvelles menaces liées au changement climatique. De plus, les émissions de ces produits pourraient contrebalancer tout le progrès accompli pour éliminer les gaz à effet de serre.
Il est impératif de surveiller de façon étroite l’utilisation de ces produits et de faire respecter le protocole de Montréal afin de protéger notre planète de cette pollution. Les scientifiques et des professionnels de l’environnement appellent à une action urgente pour éliminer ces émissions dangereuses et préserver les progrès que nous avons accomplis dans la restauration de la couche d’ozone et la lutte contre le changement climatique.