in

comment sont calculées les surfaces brûlées ?

[ad_1]

Plus de 62 000 hectares incendiés jusqu’à présent, dans des régions qui ne sont pas coutumières du fait : 25 000 hectares en Gironde, 1 800 dans les monts d’Arrée (Finistère), 1 400 en Anjou… Les feux de forêt ont été largement scrutés et commentés durant l’été. Mais d’où viennent ces chiffres disponibles presque en temps réel ? Comment sont-ils élaborés et quelles précautions faut-il prendre pour leur comparaison et leur interprétation ?

Des données produites automatiquement en temps réel par un système européen d’observation des feux de forêt (Effis)

Le Système européen d’information sur les feux de forêt (Effis) est un service de Copernicus (programme européen d’observation de la Terre) qui enregistre les surfaces brûlées en Europe, en Afrique du Nord et au Moyen-Orient à l’aide de satellites. Les capteurs Modis, d’une résolution spatiale de 250 mètres, en service depuis 2006, permettent de détecter les feux de plus de 30 hectares, tandis que les capteurs Sentinel-2, plus récents, lancés en 2018, fournissent une résolution au sol des surfaces brûlées de l’ordre de l’hectare.

Le traitement des images et la détection automatique des feux en cours se fait à partir de la méthode des « points chauds », qui repère les changements brutaux de température au sol.

La géographie de chaque feu est croisée automatiquement avec l’inventaire européen de l’occupation des sols, Corine Land Cover, ce qui permet de déterminer les types d’espace brûlés (forêts de feuillus ou de conifères, forêts ou végétation en mutation, autres espaces naturels, terres agricoles ou encore espaces artificialisés) ainsi que la surface des incendies se propageant en zone de protection naturelle européenne Natura 2000.

Avantages : cette base offre une méthodologie unifiée dans le temps et sur toute l’Europe. Elle permet donc de faire des comparaisons entre pays et entre années. Les incendies sont aussi repérés et décomptés en quasi-temps réel, plusieurs fois par jour.

Inconvénients : les images sont traitées de façon automatique, sans « expertise », c’est-à-dire sans confirmation sur le terrain − ce qui serait impossible sur l’intégralité du territoire couvert et suivant la fréquence de mise à jour des données (plusieurs fois par jour). Des feux « contrôlés » sont également comptabilisés et viennent fausser les décomptes : par exemple les écobuages (ou feux pastoraux), brûlages organisés pour défricher des pâtures d’estives, très nombreux en hiver dans les Pyrénées-Atlantiques notamment, sont comptabilisés au même titre que les incendies criminels ou accidentels. La méthode des « points chauds » conduit à d’autres erreurs, comme la détection de champs de panneaux photovoltaïques, qui sont beaucoup plus chauds que les terrains environnants.

La base comporte d’autres biais : les petits feux ne sont pas pris en compte, ce qui tend à sous-évaluer les surfaces totales. Par ailleurs, la résolution spatiale des capteurs provoque une estimation assez grossière des contours des feux et détecte difficilement les îlots non incendiés à l’intérieur de l’enveloppe, ce qui amène souvent à surestimer la taille du feu. Mais ces deux effets se compensent en partie.

En France, une base nourrie par des remontées d’informations des acteurs locaux

Parallèlement à l’Effis, la Base de données sur les incendies de forêt en France (BDIFF) répertorie aussi les incendies survenus sur le territoire national depuis 2006. Mise à la disposition des services de l’Etat et des citoyens, elle est alimentée au niveau départemental par les acteurs de la lutte et de la prévention des incendies. Pour chaque départ de feu, une nouvelle entrée est créée dans la base. La remontée des informations se fait de façon collaborative : les sapeurs-pompiers indiquent la date et la localisation du départ de feu, les forestiers, la surface brûlée et le type de forêt concerné, et les gendarmes ou policiers donnent des précisions concernant la cause de l’incendie.

Le type d’espace touché (forêts, autres terres boisées, espaces naturels non boisés ou artificiels) est précisé pour chaque incendie, sans que les catégories soient aussi exhaustives que celles fournies par l’Effis.

Pour les 15 départements du pourtour méditerranéen, un système similaire de recensement, Prométhée, existe depuis 1973. Les incendies qui y sont répertoriés sont intégrés à la fin de chaque année à la base nationale.

Avantages : la connaissance du terrain des personnes qui alimentent la base permet d’écarter les feux dirigés et de mieux délimiter la surface brûlée (avec une précision de l’ordre du mètre carré), notamment en excluant les îlots non brûlés.

Inconvénients : La couverture nationale sous-estime un peu la réalité. Certains départements n’ont enregistré aucun incendie depuis 2006 : cela ne signifie pas qu’il n’y a pas eu des départs de feu, mais qu’ils n’ont pas été enregistrés. Si les professionnels de la zone méditerranéenne sont rompus à l’exercice de la remontée systématique des données, ce n’est pas encore le cas ailleurs. Autre inconvénient : la publication de la mise à jour de la base au niveau national se fait une fois par an, courant juin, pour l’ajout des incendies de l’année précédente. Il faudra donc attendre le printemps 2023 pour avoir un état des lieux précis des incendies forestiers de 2022.

Que montre la comparaison entre les deux bases ?

Pour comprendre les différences entre la base européenne Effis et la BDIFF nationale, nous avons analysé et comparé les surfaces incendiées au cours des trois dernières années complètes, de 2019 à 2021.

La valeur totale des surfaces incendiées est jusqu’à trois fois plus grande avec les données mesurées par les satellites européens qu’avec celles signalées par les acteurs de terrain dans la base nationale. Cette différence s’explique par la détection indifférenciée de tous les feux par les images satellites, y compris les feux volontaires à finalité agricole.

A l’inverse, en ne considérant que les feux survenus en été (de juin à août), les valeurs de surfaces incendiées comptabilisées par l’Effis sont légèrement plus faibles que celles de la BDIFF, puisque cette dernière intègre les feux plus nombreux de petites surfaces.

A quoi servent ces données sur les incendies ?

L’analyse des données historiques permet aux autorités d’élaborer et de justifier les plans de prévention. La BDIFF participe à la mise en place des politiques de prévention et de lutte contre les feux de forêt des ministères de l’agriculture et de l’intérieur, en fournissant les informations nécessaires à la planification : plan de protection des forêts contre l’incendie, plan de prévention des risques d’incendies de forêt… Les moyens de surveillance et les investissements peuvent aussi être alloués en priorité aux massifs forestiers les plus à risque.

Mais pour se préparer au mieux au risque d’incendie au quotidien, les pompiers préfèrent s’appuyer sur les indicateurs fournis par Météo-France, calculés à partir de données météorologiques (vent, chaleur, sécheresse…) plutôt que de l’historique des feux passés. Dans le Sud-Est, des « prévisionnistes » se consacrent même à la seule prévision des incendies.

[ad_2]

What do you think?

Written by Stephanie

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *

Le télescope James-Webb révèle de nouvelles images de Jupiter

Découvrez notre nouvelle série Swipe Into Space sur Snapchat : le Soleil