Mathieu
Une bataille d’ego et une lutte pour le pouvoir sont au centre des combats qui ont tué plus de 400 personnes au Soudan au cours des sept derniers jours. Les deux camps ont déclaré vendredi qu’ils respecteraient une trêve de trois jours. Mais jusqu’à présent, les combats ont continué et la rivalité entre le chef militaire, le général Abdul Fattah al-Burhan, et le chef des Forces de soutien rapide (RSF), le général Mohammed Hamdan Dagalo, connu sous le nom de Hemedti, est si profonde que les chances de parvenir à un cessez-le-feu permanent sans qu’il y ait plus de sang versé semblent minces.
Al-Burhan et Hemedti ont maintenant à deux reprises saboté la transition du pays vers la démocratie. Tout d’abord en octobre 2021, lorsque les deux généraux se sont unis pour monter un coup d’État militaire et destituer le gouvernement dirigé par des civils et le Premier ministre qui est arrivé au pouvoir après une révolte populaire en 2019 ayant chassé du pouvoir le dictateur de longue date Omar al-Bashir. Al-Burhan a dissous le fragile gouvernement de partage du pouvoir entre les partis civils et militaires, déclaré l’état d’urgence et annoncé que l’armée gouvernerait jusqu’à l’organisation d’élections, des scrutins qui n’ont jamais eu lieu. Al-Burhan était le dirigeant de facto et Hemedti était son adjoint.
Mais ce n’était pas longtemps avant que les deux généraux ne commencent à se retourner l’un contre l’autre. Les tensions ont rapidement augmenté alors que des discussions étaient en cours pour remettre le pays sur la voie de la démocratie, selon quatre sources au courant des négociations. Un responsable américain a déclaré que le désaccord portait sur la façon dont la chaîne de commandement militaire serait organisée dans un Soudan dirigé par des civils, alors qu’Al-Burhan voulait être le principal responsable militaire et le seul à rendre directement compte au gouvernement civil, Hemedti exigeait d’avoir son propre canal de communication direct avec les dirigeants civils sans avoir à passer par le commandant en chef de l’armée.
Une trêve humanitaire de 24 heures a échoué à deux reprises dans l’heure qui a suivi l’entrée en vigueur des cessez-le-feu, les deux camps se blâmant mutuellement pour leur violation. Le Quatuor pour le Soudan, qui comprend les États-Unis, le Royaume-Uni, l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis, a proposé une solution aux deux parties. Le secrétaire d’État américain Tony Blinken a appelé Al-Burhan et l’a encouragé à résoudre la question restante en rappelant son engagement à revenir à une transition civile.
Depuis le début des combats, les États-Unis et nombreux de leurs alliés et partenaires, notamment le Royaume-Uni, l’Arabie saoudite, les Émirats arabes unis, Israël, l’Égypte, la Norvège, l’Union africaine et l’ONU, ont demandé à plusieurs reprises un cessez-le-feu. Si elle est mise en œuvre, une trêve permettrait aux organisations internationales de fournir une aide humanitaire indispensable aux Soudanais qui ont été piégés chez eux, ainsi qu’aux hôpitaux débordés confrontés à de graves pénuries médicales.
La situation humanitaire au Soudan est “catastrophique”. De nombreuses organisations d’aide, y compris certaines agences des Nations unies, ont suspendu leurs opérations humanitaires en raison de la violence. Les États-Unis et d’autres puissances mondiales estiment également qu’un cessez-le-feu temporaire pourrait “ouvrir la voie à un cessez-le-feu plus permanent”.
L’objectif est maintenant de rassembler le plus de voix possible lors de pourparlers avec les dirigeants soudanais pour finir la guerre civile. Les États-Unis et leurs alliés sont déterminés à mettre un terme à la violence au Soudan pour que le pays puisse se diriger vers la paix et la démocratie.
