LES INVESTISSEURS EN CAPITAL-RISQUE AMÉRICAINS SE RETIRENT DE LA CHINE ALORS QUE LES INVESTISSEURS CHINOIS MAINTIENNENT LEUR CADENCE
Depuis 2021, les investisseurs en capital-risque américains se sont déjà retirés de la Chine, avant que le président Joe Biden ne signe, mercredi, un décret visant à limiter les investissements américains dans les technologies sensibles développées par leur plus grand rival mondial. Pendant ce temps, les investisseurs chinois continuent à maintenir leur rythme d’investissement dans le pays depuis 2021. C’est ce que révèle les données de Crunchbase, qui montrent que les investisseurs américains dans les start-up sont en passe de réaliser environ la moitié moins d’investissements dans les entreprises chinoises qu’en 2022, ce qui était déjà en baisse par rapport à 2021. Le plus actif des investisseurs américains dans les start-up en Chine depuis 2021 est GGV Capital, selon Crunchbase. Cette entreprise basée à Menlo Park, en Californie, a participé à 75 accords d’investissement depuis 2021, en dirigeant 28 d’entre eux. Mais seulement quatre de ces accords ont été conclus cette année. La société a investi dans le géant chinois du covoiturage, Didi, dans le fabricant de véhicules électriques, Xpeng Motors, et dans la société d’analyse des données, Sensors Data, parmi ses centaines d’investissements dans des entreprises chinoises. Le deuxième investisseur américain le plus actif en Chine depuis 2021 est GSR Ventures, un investisseur de premier stade axé sur les entreprises liées à l’intelligence artificielle. Cette entreprise basée à Palo Alto a participé à 36 accords de financement depuis 2021, en dirigeant 10 d’entre eux. Cette année, jusqu’à présent, elle n’a été impliquée que dans trois accords, dont aucun n’a été dirigé par elle. De nombreuses grandes start-up chinoises ont bénéficié du capital américain ces dernières années, notamment ByteDance, propriétaire de TikTok. Les entreprises américaines, dont General Atlantic, Kohlberg Kravis Roberts et Sequoia Capital, ont dirigé des investissements dans l’entreprise ces dernières années, selon les données de Crunchbase.
LA STRATÉGIE CHINOISE « RADICALEMENT REPENSÉE »
Le décret de Biden interdit ou restreint les investissements des entreprises américaines dans des entités chinoises travaillant dans trois secteurs présentant des risques potentiels pour la sécurité nationale : l’informatique quantique, les semi-conducteurs et les microélectroniques, ainsi que certains systèmes d’intelligence artificielle. Dans une lettre adressée au Congrès, le président a déclaré qu’il prenait des mesures d’urgence pour protéger les intérêts américains “dans les technologies et les produits sensibles cruciaux pour les capacités militaires, de renseignement, de surveillance ou de cyber”. Les experts qui suivent de près les relations entre les États-Unis et la Chine affirment que ce décret, qui concerne les investisseurs en capital-risque et les autres sociétés de capital-investissement, va accroître le malaise croissant des entreprises américaines à investir dans la deuxième économie mondiale. Andrew Polk, associé dans la société de recherche spécialisée Trivium TAE, a déclaré au Wall Street Journal que les entreprises américaines avec lesquelles il travaille sont de plus en plus réticentes à faire affaire avec le dragon rouge. “Ce que nous disons toujours – et cela résonne auprès de nos clients – c’est que le rendement ajusté en fonction du risque en Chine a changé radicalement”, a déclaré Polk au Journal. “Ce que nous voyons maintenant, c’est que beaucoup d’entreprises repensent fondamentalement leur stratégie en Chine. Cela ne signifie pas qu’elles vont nécessairement la changer, mais elles sont actuellement en train de l’examiner sous tous les angles, car nous sommes clairement dans un nouvel environnement”.
L’INVESTISSEMENT CHINOIS SE STABILISE
Les données de Crunchbase montrent que les financements de capital-risque aux start-up en Asie ont chuté de 50% au cours du premier semestre de cette année. Cependant, cette baisse a été principalement entraînée par des baisses significatives des financements en Inde et en Israël, tandis que la Chine s’est stabilisée. En fait, les financements trimestriels des start-up chinoises au deuxième trimestre de 2023 ont atteint 11,2 milliards de dollars, soit plus que les premier et deuxième trimestres de 2022. L’activité de capital-risque américaine en Chine occupe déjà une place lointaine par rapport aux investissements nationaux, selon les données de Crunchbase. Depuis 2018, les investisseurs chinois ont réalisé plus de 25 000 transactions de capital-risque dans le pays, sans compter les investisseurs basés à Hong Kong, qui en ont réalisé 1 228 de plus. En comparaison, les investisseurs américains ont participé à moins de 2 000 transactions au cours de la même période. En 2022, les investisseurs américains ont réalisé 293 transactions de capital-risque en Chine, le plus faible nombre annuel depuis au moins 2018, selon les données de Crunchbase. Cette année pourrait marquer le rythme le plus lent des investissements américains en capital-risque en Chine depuis au moins cinq ans, avec seulement 94 transactions enregistrées début août. Les investisseurs chinois, quant à eux, pourraient dépasser leurs totaux d’investissement de l’année dernière. Ces investisseurs ont déjà réalisé plus de 2 800 investissements dans leurs start-up nationales depuis le début de cette année.