Victimes d’un trafic d’être humains, ces esclaves sont tenus d’exploiter les faiblesses d’internautes pour amasser de l’argent, en plus d’être enfermés.
En Asie, un large réseau de trafic d’êtres humains a été mis à jour. Mais, ce dernier se distingue par un business d’un genre nouveau. Les personnes asservies doivent pratiquer des arnaques en ligne à grande échelle, sous peine de se faire torturer.
L’ONG de journalisme d’investigation ProPublica mentionne des dizaines de milliers de personnes ayant été pris au piège de ces schémas d’asservissement, venant de Chine, Cambodge, Taïwan, Thaïlande ou encore du Vietnam. Le média, qui a recueilli de nombreux témoignages, mentionne notamment celui de Fan, un homme ayant été pris dans cette engrenage avec son frère pendant six mois, avant que leur “entreprise” ne délocalise son activité dans une autre ville cambodgienne.
Dès lors, il leur a été réclamé de payer l’équivalent de 7000 dollars – une somme énorme par rapport au maigre salaire qu’ils recevaient – ou de continuer à travailler. Sans l’argent nécessaire, il s’est vu forcé de rester. Au fil du temps, la somme demandée ne faisait qu’augmenter. Et impossible pour lui de fuir, sous peine d’être torturé…
Fan a été en mesure de fournir à ProPublica l’offre d’emploi à laquelle il a répondu, supprimée depuis par Facebook. L’homme affirme également avoir vu d’autres personnes, dans la même situation, se faire battre et menacer.
Le piège est particulièrement bien huilé. A ses débuts, Fan devait se concentrer sur un public allemand. Ne pas en parler la langue n’a pas été un problème pour cette homme chinois: tous ses messages étaient passés au travers d’un logiciel de traduction, et régulièrement supervisés par des responsables.
Abus de faiblesse
L’une des arnaques les plus répandues dans ces systèmes est le “pig-butchering”, particulièrement utilisée sur les sites de rencontre. Elle consiste à se faire passer pour un riche homme d’affaires – ou femme d’affaires – à la recherche de l’amour, séduire des victimes en utilisant leurs points sensibles, puis les inciter à investir dans des schémas d’arnaques aux cryptomonnaies – tout en les assurant de leur amour. Les arnaqueurs créent des profils attirants et détaillés et hameçonnent de cette manière des dizaines de personnes.
Les victimes de ces arnaques peuvent perdre des centaines de milliers d’euros. Et dans la majorité des cas, par peur ou par honte, ces victimes ne déclarent pas leurs pertes, la situation résultant en un manque de données réelles sur leur nombre.
Trafic d’êtres humains
Aujourd’hui, si une grande quantité de ces réseaux ont été mis à jour, leur fonctionnement tentaculaire ne permet pas de rendre exhaustif leur nombre. Pire encore, de nombreux groupes Facebook dédiés à la vente de ces esclaves sont encore en fonctionnement, et refont surface sous un autre nom dès qu’ils sont supprimés. On peut y voir des annonces telles que “10.000 pour cet homme chinois, 22 ans avec carte d’identité, écrit lentement” sur des pages cumulant des milliers d’abonnés.
Les arnaques en ligne ont connu un regain de popularité sans précédent depuis les différents confinements, et en particulier au Cambodge, où les principaux groupes de cybertrafiquants se terrent. Mais le pays fait aussi face à des taux élevés de trafics d’êtres humains. En juillet, les Etats-Unis ont descendu au tiers minimum la note du pays sur le classement des meilleures gestions de l’élimination du trafic humain.