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Cyrille Rossant, un matheux face à la justice


Cyrille Rossant, chercheur en neurosciences, à Montrouge, en septembre 2022.

Confrontés à la maladie de leur enfant ou d’un parent, certains scientifiques réorientent complètement leur carrière, pour tenter de faire avancer la science dans le domaine qui touche leur proche. Après le problème de son fils, lui a endossé une casquette de plus. Depuis six ans, en parallèle de ses activités de chercheur en neurosciences et ingénieur des données, Cyrille Rossant s’est investi dans le syndrome du bébé secoué (SBS). Une thématique épineuse, car touchant à la maltraitance, dans laquelle il met toute sa rigueur et sa ténacité. Son objectif : démontrer que les données scientifiques sur lesquelles s’appuient les diagnostics de SBS – de plus en plus systématiques devant certaines lésions cérébrales du nourrisson – ne sont pas si fiables, et que d’autres causes médicales sont occultées.

« Que de la science de si mauvaise qualité puisse avoir un si grand impact sur les enfants et leurs familles n’est pas acceptable », résume Cyrille Rossant, qui préside depuis 2020 une association, Adikia (« injustice » en grec), en contact avec des centaines de parents et des assistantes maternelles s’estimant victimes de fausses accusations de maltraitances.

En France, quelque 400 cas de SBS sont diagnostiqués chaque année, un nombre qui aurait doublé en région parisienne pendant la pandémie, selon une étude récente.

Lire aussi : Syndrome du bébé secoué : le nombre de cas a doublé en région parisienne pendant le Covid

Après cinq ans d’échanges avec lui sur ce sujet, pendant lesquels il ne s’est jamais mis en avant, on avait envie de le voir dans son labo, pour appréhender son autre quotidien. Raté. Depuis neuf ans, il télétravaille à plein temps. Affilié à l’institut de neurologie de l’University College of London (UCL), qui l’a embauché après son postdoc, en 2012, le chercheur de 36 ans officie plus précisément au sein de l’International Brain Laboratory (IBL). « C’est une collaboration d’une vingtaine de laboratoires de neurosciences, sur le modèle de ce qui se fait en physique », explique-t-il, attablé à la terrasse du Monde, dégainant ponctuellement son smartphone pour vérifier une information, apporter une précision…

Laboratoire virtuel

Dans ce grand laboratoire virtuel, qui étudie les circuits neuronaux en jeu dans les prises de décision et comportements d’adaptation, la moitié des chercheurs sont des expérimentateurs qui enregistrent l’activité électrique de neurones de souris dans les mêmes conditions expérimentales, et l’autre moitié des « matheux » qui exploitent les gigantesques quantités de données générées. A l’interface, l’équipe technique dont Cyrille Rossant fait partie s’occupe de l’infrastructure logicielle, pour l’analyse et la visualisation de ces données.

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Written by Milo

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