« Moins de riches, plus de ruches. » Pancartes en main, « insoumis » et écologistes ont marché, dimanche 16 octobre, pour protester « contre la vie chère et l’inaction climatique ». L’enjeu immédiat est, bien entendu, de demander de meilleurs salaires face à l’inflation qui ronge le pouvoir d’achat, mais, au-delà, ces deux objectifs sont-ils compatibles ? « Marche contre la vie chère et l’inaction climatique, bel oxymore ! L’action climatique va coûter cher. Tant qu’on n’est pas prêt à accepter cela, on n’avancera pas », tweetait le même jour l’économiste Christian Gollier, professeur au Collège de France, spécialiste du climat et grand partisan de la taxe carbone.
Force est de constater que l’accélération de la lutte contre le changement climatique demandera non seulement des changements de comportement, mais aussi des dépenses considérables. Selon l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie, l’empreinte carbone des Français provient essentiellement de trois sources : le déplacement, pour environ 30 %, le logement, pour 30 %, et la nourriture, pour un peu plus de 20 %. L’objectif est de la diviser par quatre d’ici à 2050.
Surcoût immédiat
Dans le premier domaine, le déplacement, les normes européennes ont programmé la fin des ventes de voitures thermiques pour 2035. Problème : une voiture électrique coûte de 20 % à 30 % de plus que son équivalent diesel ou super. De même, un logement neuf très bien isolé, et construit avec du béton bas carbone, ou la réfection d’un immeuble ancien, se traduit par un surcoût immédiat très important. Bien entendu, ne rien faire serait en fin de compte encore plus ruineux, mais il s’agit d’une dépense forte aujourd’hui pour des gains qui ne se feront sentir que dans des décennies.
Face à cette contrainte, le gouvernement sort son carnet de chèques. Il subventionne les voitures électriques et l’isolation des maisons. Mais, comme il doit également investir dans de nouvelles installations de production électrique décarbonée, renouvelable ou nucléaire, il risque de se trouver rapidement à court de munitions face à la remontée des taux d’intérêt, qui alourdit sa dette, déjà considérable.
Le résultat d’une vie plus chère sera moins de consommation. Invité de l’émission « Internationales » sur TV5Monde, samedi 15 octobre, le président du Medef, Geoffroy Roux de Bézieux, qui n’est pas un apôtre de la décroissance, le reconnaissait lui-même : nous allons vers « une croissance plus sobre et plus raisonnée ». Autrement dit, nous achèterons moins de produits, qui seront plus chers, mais, on l’espère, de meilleure qualité. Reste à savoir qui paiera la facture de cette vie plus vertueuse.