in

Vivre en ville, faire des enfants et les élever, travailler… débattre des défis du quotidien


Et si nous prenions le temps. D’écouter, d’interroger, de prendre du recul, de discuter, d’imaginer. Le Festival vous invite dans notre auditorium pour plonger dans le bain de l’actualité à travers des débats interactifs conçus et animés par les journalistes de la rédaction. Certaines thématiques se sont imposées, comme le traitement de la guerre en Ukraine par nos reporters envoyés sur le front dès le début du conflit (« Ukraine : raconter la guerre ») et la crise alimentaire qui en découle avec la montée du prix des céréales et la hausse de l’inflation (« Choc alimentaire, inflation, pouvoir d’achat : quelles solutions pour endiguer la crise ? »). Comment affronter canicules, inondations, tempêtes ? Après un été de catastrophes climatiques, nous nous demanderons si la ville de 2050 sera vivable.

Une place a aussi été réservée à des sujets plus intimes, comme notre rapport au travail
(« Travailler pour vivre ou vivre pour travailler »). « Grossesse, quand la science s’en mêle » ​​croisera médecine, art et philosophie pour saisir les évolutions des façons de mettre au monde tandis que « Les enfants, allez jouer dehors ! » se demandera comment offrir à notre progéniture les moyens de s’approprier le monde en crise dans lequel ils grandissent. La culture ne sera pas en reste avec un débat autour de la place de la critique, à la fois adulée et détestée (« La critique, c’est tout un art ! »).

Des rencontres pendant lesquelles les festivaliers pourront partager leurs points de vue et leurs questionnements avec nos invités et nos journalistes.

Vue aérienne du Bosco Verticale, la forêt verticale, dans le quartier de Porta Nuova, à Milan.

VENDREDI 16 heures. Eté 2022. Une vague de chaleur exceptionnelle s’abat sur la France. Les thermomètres s’affolent et les records de température tombent. L’ouest et le nord de la France, souvent préservés, n’y échappent pas : 39,6 °C à Boulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais), 42 °C à Nantes (Loire-Atlantique), 41,5 °C à La Roche-sur-Yon (Vendée), 40 °C à Dinard (Ille-et-Vilaine). Les villes ultra bétonnées, peu végétalisées, densément peuplées suffoquent. D’après le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), 75 % de la population mondiale pourrait être exposée à des vagues de chaleur mortelles d’ici à la fin du siècle, principalement dans les villes.

Urbanistes et politiques réfléchissent donc aux moyens d’adapter les métropoles, pris entre des contraintes contradictoires. Il faudrait donner plus de place aux espaces verts, tout en créant davantage de logements. Rénover massivement mais avec des budgets contraints. Transformer la ville tout en respectant le patrimoine… Le cas des toits en zinc est symbolique : mondialement connus, ils constituent l’un des signes auxquels Paris se reconnaît au premier coup d’œil. Et pourtant, en prévision des nuits tropicales de plus en plus fréquentes, il faudrait renoncer à les inscrire au Patrimoine mondial de l’Unesco, et, les supprimer, les isoler de l’intérieur, les couvrir d’un revêtement blanc réfléchissant.

Est-il encore possible de rendre la ville de demain vivable, désirable ? Faut-il fuir Paris et les grandes villes sans attendre ? Nos journalistes Emeline Cazi et Denis Cosnard débattront du sujet avec Emmanuel Grégoire, premier adjoint à la maire de Paris et chargé de l’urbanisme, Gwenaëlle d’Aboville, urbaniste et fondatrice de l’agence Ville ouverte, Michel Desvigne, architecte paysagiste, François Leclercq, architecte urbaniste, et Franck Lirzin, polytechnicien et ingénieur des Mines.

A découvrir aussi, un épisode de la minisérie 2030, réalisé par Manal Khallou : dans une ville de Seine-Saint-Denis, vers 2030, l’Etat a beau avoir imposé une semaine de confinement par mois pour ralentir le changement climatique, la chaleur est telle, l’été, que l’eau devient une ressource rare pour laquelle certains sont prêts à enfreindre la loi.

Différents types de grains de céréales

VENDREDI 18 H 30. Huile, farine, moutarde… dans les rayons des supermarchés, certains produits manquent à l’appel. Côté prix, ces pénuries se font ressentir : + 4,2 % sur le pain, les céréales ou les pâtes, + 5,2 % sur le sucre, + 6,6 % sur les fruits. Avec la pandémie de Covid-19 qui a désorganisé les chaînes d’approvisionnement, la hausse du prix des engrais entraînée par la flambée des cours de l’énergie, les aléas climatiques et la guerre en Ukraine, la situation s’est aggravée. Et cette hausse des prix des denrées alimentaires et du carburant est plus durement ressentie par les populations pauvres qui y consacrent une partie importante de leur budget.

Elle alimente aussi la colère. Comme au Sri Lanka où mi-juillet, le président a été déchu. Le FMI a prévenu en juillet que la progression plus élevée que prévu de l’inflation pourrait « enflammer les tensions sociales ». « Les troubles sociaux représentent un risque plus élevé que le terrorisme pour les entreprises », avance même l’assureur Allianz.

Sur tous les continents, les gouvernements multiplient les mesures pour améliorer le pouvoir d’achat. Mais les marges de manœuvre sont réduites dans les pays endettés qui frôlent le défaut de paiement. Ils sont au moins une trentaine dans cette situation. Avec David Laborde, chercheur à l’International Food Policy Research Institute (Ifpri), et Agathe Demarais, directrice des prévisions mondiales de l’Economist Intelligence Unit (EIU), les journalistes Marie Charrel et Julien Bouissou se demanderont si l’augmentation des prix peut déclencher de nouvelles émeutes de la faim. Quelle marge de manœuvre pour éviter le pire ? Comment agir à petite et grande échelles ?

Chantier de la Coupe du Monde de football à Doha, au Qatar.
Photo issue de la série « Land of Plenty » de Marco Barbieri.

SAMEDI 11 heures. A l’automne, un pays à peine plus grand que la Corse fera la « une » des médias du monde entier : le Qatar, terrain de jeu de la prochaine Coupe du monde de football, programmé de la mi-novembre à la mi-décembre. Cet événement planétaire consacrera la spectaculaire montée en puissance de l’émirat du Golfe persique. En un quart de siècle, la cité-Etat, que personne ou presque ne savait placer sur un planisphère, est devenue un acteur de premier plan de la scène internationale. Cette transformation fulgurante, le Qatar la doit à plusieurs facteurs : l’essor de son industrie gazière, une habile stratégie de soft power – dont le PSG est l’un des vecteurs –, et à une diplomatie de médiation très active.

Mais le Mondial risque aussi de causer quelques soucis à la micro-monarchie. La compétition va jeter une lumière crue sur l’envers du miracle qatari, notamment l’exploitation systématique de la main-d’œuvre immigrée. Durant la dernière décennie, des centaines de milliers d’ouvriers asiatiques, venus principalement du Népal, ont trimé, pour des salaires de misère, sur les chantiers de Doha, la capitale. Et certains y ont laissé leur vie. Le journaliste Benjamin Barthe interrogera Anie Montigny, ethnologue et Raphaël Le Magoariec, doctorant en géopolitique sur l’étonnante ascension du Qatar. Quelles répercussions cette entrée fracassante dans la modernité a-t-elle eues sur la société qatarie ? Quelle importance la Coupe du monde du monde revêt-elle pour le pays ? Comment les autorités locales envisagent-elles l’après Mondial ?

A découvrir aussi, le reportage photographique « Land of Plenty » du photographe Marco Barbieri.

Les critiques, aujourd’hui remis en cause de toute part.

SAMEDI, 14 heures. Dans ses Illusions perdues, Balzac croquait avec gourmandise les journaux, journalistes et directeurs de théâtre prêts à tout pour s’acheter une bonne critique ou faire démolir le spectacle d’un concurrent. Les temps ont changé mais les critiques sont restés. Ils aiment… un peu, beaucoup, passionnément, pas du tout les films, spectacles, expositions. Leurs traits de plumes ou coups de griffes peuvent encenser ou démolir une œuvre ou un artiste. Appréciés ou décriés, ces critiques – forcément subjectifs – restent au centre de la vie d’un service culturel. Mais sont aujourd’hui remis en cause de toute part.

Par le public en premier lieu, qui ne cherche plus une parole unique avant de se rendre au cinéma ou au théâtre mais au contraire, s’informe sur une multitude de sites. Un public qui remet aussi parfois en question l’élitisme de certains avis et suit son instinct pour aller se faire une toile ou pousser la porte d’un théâtre.

Une remise en question également par l’industrie du divertissement qui se fie beaucoup aux métadonnées, aux agrégateurs de notes, tel Allocinémais aussi aux réseaux sociaux, où tout un chacun peut se targuer d’avoir un avis et le partager avec sa communauté en temps réel. Alors, la profession de critique est-elle en voie de disparition ? Faut-il réinventer cet univers ? Quelle relation entretient le monde de la culture avec la critique ? Et, en toile de fond, la critique professionnelle est-elle encore utile ? Débat… critique avec Capucine Lancien, rédactrice et illustratrice, auteur du compte Instagram culturel « La Machine infernale », et Pierre Murat, critique de cinéma, animé par les journalistes Guillaume Fraissard et Michel Guérin.

À quoi ressemblera le travail du futur ?

DIMANCHE 11 heures. « Travaille bien à l’école, et tu pourras faire ce que tu veux plus tard ». « Ce que tu veux » renvoyant plutôt aux professions de médecin, ingénieur ou avocat, et rarement de caissière ou bagagiste. L’emploi permettant de se classer haut dans la hiérarchie sociale. Mais voilà : à la remise de leur diplôme en 2022, des étudiants brillants, de Polytechnique, AgroParisTech, ou de l’Ecole normale supérieure ont dit stop. Une partie de ces futures élites intellectuelles veut changer les règles du jeu. Il y a plus urgent que de « réussir » : il faut cesser de détruire la planète.

A l’autre bout de la chaîne, ceux qui n’ont à vendre que leur force de travail sont toujours là. Payés à la tâche, employés par les entreprises pourtant les plus riches et puissantes de la planète : Amazon, Uber, Deliveroo, etc. Loin de chercher du sens dans leur gagne-pain, ils n’en finissent pas de subir de nouveaux moyens de contrôle ou de notation. Avec des objectifs toujours plus absurdes qui voudraient les voir se transformer en machine.

Ces deux extrêmes posés, à quoi peut ressembler le travail du futur ? Et si l’idéal était… de ne pas travailler ? De dissocier l’existence sociale, les revenus que l’on perçoit et l’emploi que l’on exerce. Des expérimentations de revenus universels sont lancées dans plusieurs pays d’Europe. Certains Français ont décidé de cesser de travailler ou de réorganiser leur vie différemment. Ces possibles pionniers sont-ils à l’avant-garde d’un monde de demain, sans travail ? Autant de questions que les journalistes Syrielle Mejias et Béatrice Madeline aborderont avec Juan Sebastian Carbonell, chercheur en sociologie du travail, Fanny Lederlin, essayiste, doctorante en philosophie politique, et Matthieu Fleurance, coordinateur du collectif Travailler moins.

Le tout ponctué des matchs d’improvisation de la troupe La Poule inspirés des réflexions dégagées par la table ronde.

800 000 bébés viennent au monde en France chaque année.

DIMANCHE 14 heures. 800 000, c’est le nombre de bébés qui viennent au monde en France chaque année. Pour la majorité des femmes, grossesse et accouchement se déroulent sans complication. Pourtant, le suivi et la prise en charge des accouchements se caractérisent par une forte médicalisation, au détriment parfois des préférences des femmes et du couple, dont certains prônent le tout naturel. Sans péridurale, sans médecin, chez soi… Entre la nécessaire surveillance médicale de grossesses de plus en plus à risque et les violences obstétricales dénoncées sur les réseaux sociaux, comment trouver un équilibre qui convienne à tous ?

Quel que soit son parcours, faire un enfant, c’est en tout cas se poser beaucoup de questions. De nombreux couples ont recours à l’assistance médicale à la procréation (AMP). Jusqu’où faut-il aller dans les examens prénataux voire préconceptionnels, qui permettent une connaissance de plus en plus fine du bébé avant sa naissance ? Les journalistes Sandrine Cabut et Pascale Santi débattront de ces sujets avec France Artzner, co-présidente du Collectif interassociatif autour de la naissance (Ciane), Valérie Koubi, médecin biologiste qualifiée en génétique médicale, Clémence Schantz, sage-femme et sociologue, et Yves Ville, chef de service de la maternité à l’hôpital Necker.

Ces questions autour de la grossesse sonnent d’autant plus comme des défis que les maternités traversent une crise sans précédent, avec un manque crucial de personnels, notamment de sages-femmes. Un quotidien que nous racontera Anna Roy, sage-femme, chroniqueuse dans l’émission « La Maison des Maternelles » et créatrice du podcast « Sage-meuf ».

Jeune garçon impatient de prendre de la vitesse.

DIMANCHE 16 H 30. Attention, chiffre triste : 97 % des parents pensent que la génération de leurs enfants vivra moins bien que la leur (sondage Gece, 2019). Angoisse encore accentuée par la pandémie de Covid-19, la guerre en Ukraine et les effets de plus en plus manifestes du changement climatique. Difficile d’évoquer la parentalité sans l’associer à l’adjectif « inquiet ».

Des doutes et des craintes qui s’accentuent dès qu’on franchit le pas de la porte. Au temps de la famille-cocon, tout est vu comme un danger : aller acheter le pain, traverser une rue, se rendre à l’école tout seul… Le champ d’exploration de la ville se réduit ainsi à chaque génération.

Comment éduquer sa progéniture sans se laisser happer par le pessimisme ambiant ? Comment armer les générations futures sans savoir de quoi demain sera fait ? Interrogés par les journalistes Clara Georges et Nicolas Santolaria, la psychiatre Claude Halmos et le pédopsychiatre Marcel Rufo nous éclaireront sur ce que pourrait être l’éducation en temps de crise.

Pour replacer l’enfant au cœur de la ville mais aussi redonner confiance aux parents, la discussion se poursuivra avec Anne-Marie Rodenas, fondatrice du Cafézoïde à Paris et de la Rue des enfants, Mathieu Wainsten, fondateur d’un Terrain d’aventures à Bagnolet, mais aussi avec les premiers concernés : les enfants !

Participez au Festival du Monde à Paris

Le Monde organise, du 16 au 18 septembre 2022, la huitième édition de son festival. La rédaction vous accueillera dans son nouvel immeuble du 13e arrondissement ainsi qu’au cinéma MK2 Bibliothèque. Au programme : débats, conversations, rencontres et ateliers avec les journalistes, avant-premières et projections, spectacles et expositions, parcours thématiques et visites de la rédaction, animations et performances ouverts à tous…

Programme et réservation sur festival.lemonde.fr

What do you think?

Written by Milo

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *

la décrue ralentit en France avant une probable 8e vague

Nos politiciens ignorent-ils la crise climatique?