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Fusion TF1-M6 : l’exception culturelle s’est-elle retournée contre elle-même ?

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Publié le 7 sept. 2022 à 7:30

Cruel dilemme pour les pouvoirs publics français. A en croire toute la filière, s’il y a une chose incontestable dans les arguments de TF1 et de M6 pour qu’on les laisse fusionner, c’est que ces deux grands diffuseurs privés de télévision gratuite ne sont plus riches pour très longtemps face à la déferlante de Netflix, de YouTube, d’Amazon et des autres plateformes américaines.

Faut-il laisser les deux chaînes se marier pour leur donner le temps des bons revirements stratégiques ? Le gouvernement, qui peut aller contre l’avis de l’Autorité de la concurrence, est face à un sujet de souveraineté culturelle sur le petit écran, si déterminant pour la vie démocratique. Aucun autre groupe de télévision gratuite français n’est assez riche pour financer des grands programmes capables de mobiliser fréquemment de grandes audiences.

Quand Amazon achète la Ligue 1

Et pendant ce temps, dans la télévision payante, Canal+, le seul acteur qui pèse vraiment, va certes mieux. Mais Amazon lui a chipé les droits de la Ligue 1 de football, un tremblement de terre, et il a pour les années à venir un sérieux problème d’accès aux films et séries américaines, moteurs d’abonnement, alors que Hollywood a désormais des services de streaming se vendant directement aux téléspectateurs. Sans parler du renchérissement conjoncturel de l’accès à ces contenus du fait de l’explosion du dollar.

Le service public audiovisuel risque décidément de devoir avoir les épaules larges pour porter les couleurs du made in France télévisuel et cinématographique. Dans une tribune aux « Echos », Vincent Grimond, un des cofondateurs de StudioCanal et de Wild Bunch, explique les risques de voir un Hollywood s’emparant des programmes français les plus puissants.

Les premier et deuxième étages du Titanic ?

Les services de l’Autorité de la concurrence semblent réticents à déstabiliser un marché de la publicité télévisuelle français dont ils contrôleraient 75 % du total. Les concurrents de TF1 et de M6 arguent que, de toute façon, laisser fusionner les deux groupes « reviendrait à fusionner le premier et le deuxième étage du Titanic », tellement le nouvel ensemble resterait petit face aux plateformes américaines.

Le paysage audiovisuel français les accuse aussi d’avoir privilégié la rente restée plantureuse de leur position en omettant de se « plateformiser » – racheter Dailymotion quand il était encore temps, par exemple – et de s’internationaliser. Ils ont laissé passer le train, ce n’est pas à la puissance publique de les sauver !

Intégration verticale

Mais pour beaucoup aussi, les erreurs stratégiques qui fragilisent tout particulièrement les diffuseurs français aujourd’hui – y compris France Télévisions, qui n’a pas la puissance économique de la BBC – ont un nom : le système de l’exception culturelle qui a privilégié les producteurs aux dépens des diffuseurs et qui fonctionnait si bien sur un marché domestique fermé. « Un système [qui] entraîne un gaspillage de talents et d’argent considérable », explique depuis longtemps l’analyste Olivier Bomsel.

Dans l’impossibilité réglementaire de se constituer des catalogues de programmes à rentabiliser sur plusieurs écrans (chaînes, services de streaming…) et dans plusieurs pays, les diffuseurs n’ont pas pu se constituer en studio intégré, le modèle qui marche. L’ironie est que les producteurs profitent aujourd’hui de l’essor des plateformes mais deviennent dépendants d’elles et sont parfois financés par le dollar (Mediawan par le fonds KKR et Asacha par Oaktree ). L’exception culturelle s’est-elle retournée contre elle-même ?

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Written by Germain

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