Pour la première fois, une thérapie cellulaire a montré son efficacité contre une tumeur solide, le mélanome métastatique, lors d’un essai « randomisé ». C’est ce qu’a annoncé une équipe néerlandaise, samedi 10 septembre, lors du congrès de la Société européenne d’oncologie médicale (ESMO), à Paris.
Les 168 participants de l’essai ont été tirés au sort pour recevoir soit un traitement standard du mélanome avancé, soit cette nouvelle thérapie à base de cellules immunitaires. Ces cellules thérapeutiques, ce sont des « lymphocytes infiltrant la tumeur », ou TIL (« tumor-infiltrating lymphocytes »). Soit autant de minisoldats naturellement entraînés à reconnaître et à combattre les cellules cancéreuses.
La procédure est complexe. La lésion cancéreuse est d’abord opérée, puis découpée en fragments. Les lymphocytes présents en sont extraits. Ils sont cultivés et amplifiés in vitro durant plusieurs semaines, en présence d’une molécule qui stimule leur croissance, l’interleukine-2 (IL-2). Puis ils sont réinjectés au patient.
Deux traitements successifs
La stratégie n’est pas neuve. Son pionnier, le professeur Steven Rosenberg, du National Cancer Institute, à Bethesda (Etats-Unis), a commencé à l’évaluer dès 1988. Pourquoi a-t-il fallu attendre trente ans avant qu’un premier essai randomisé soit lancé ? « Les TIL ne sont pas faciles à multiplier in vitro, répond John Haanen, de l’Institut néerlandais du cancer, à Amsterdam, qui a conduit cet essai. Aux Etats-Unis, le National Cancer Institute n’a jamais été intéressé. Et nous avons eu du mal à trouver des centres prêts à participer. »
Il faut dire que la procédure est « lourde et toxique, relève la professeure Caroline Robert, cheffe du service de dermatologie à Gustave-Roussy (IGR), à Villejuif (Val-de-Marne). Ce traitement est donc réservé à des patients en très bonne forme ». Les premiers essais – non randomisés – évaluant cette approche souffraient donc d’un biais de sélection.
Pour que la greffe de ces cellules prenne, le patient doit recevoir deux traitements successifs. Avant la réimplantation des TIL, il subit une « chimiothérapie de conditionnement ». Le but est d’éliminer une autre catégorie de lymphocytes, dits « T régulateurs », qui inhibent ces TIL. Puis, une fois ceux-ci réimplantés, ce patient est traité par de fortes doses d’IL-2 – la même molécule que celle utilisée in vitro sur ces cellules – toujours pour favoriser leur multiplication. La procédure, de la chirurgie à la sortie de l’hôpital, prend environ deux mois.
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