Dans le contexte de la guerre en Ukraine et de la flambée des prix alimentaires, le vote du Parlement européen, mercredi 14 septembre, concernant la directive sur les énergies renouvelables (RED) était l’occasion d’un débat politique de fond sur le recours aux agrocarburants. Aussi appelés biocarburants de première génération, les biodiesels et éthanols, issus, pour les premiers, de la production d’huiles végétales et, pour les seconds, de maïs, de blé ou de betterave, sont critiqués pour la concurrence qu’ils entraînent avec les productions destinées à l’alimentation.
Des études ont également montré qu’ils participaient aux hausses des prix des matières premières agricoles et que leur bilan carbone s’avère médiocre, voire moins bon que celui des énergies fossiles. Leur production, qu’elle soit locale ou importée, nécessite en effet de déplacer les cultures alimentaires et de déforester toujours plus. Mais en session plénière du Parlement, la question des agrocarburants est passée en arrière-plan de la discussion générale, qui a conduit au vote d’un objectif de doublement de la part des renouvelables dans le mix énergétique, à 45 %, d’ici à 2030.
La majorité des eurodéputés ont rejeté deux amendements qui allaient dans le sens d’un encadrement strict : le premier, défendu par le groupe de la gauche, proposait la fin des subventions à cette filière ; le second, porté par les groupes socialistes et écologistes, suggérait de suspendre l’incorporation d’agrocarburants lorsque les prix alimentaires dépassent un certain seuil. « Voilà un moyen de lutter contre l’inflation alimentaire et de [renforcer] la sécurité alimentaire qui s’envole », a réagi, déçu, l’eurodéputé socialiste Eric Andrieu, sur Twitter.
Exclusion des huiles de palme et de soja
Les parlementaires européens se sont en revanche accordés sur deux principes plus consensuels. Tout d’abord, l’exclusion, en 2023, de l’huile de palme et de l’huile de soja de la composition des biodiesels européens – toutes deux le sont déjà en France depuis 2020, ainsi qu’au Danemark et aux Pays-Bas, et l’huile de palme est interdite dans les moteurs en Allemagne et en Italie. Ensuite, les eurodéputés ont voté un principe selon lequel chaque Etat membre ne pourra dépasser son niveau de consommation d’agrocarburants de 2020. Une limite qui, si elle est confirmée lors des négociations en trilogue, viendra freiner le marché de ces combustibles. Depuis 2015, ils ne peuvent dépasser en effet 7 % dans le mix énergétique des transports. En vertu des nouvelles règles, le marché européen des agrocarburants ne pourra donc se développer davantage et devra anticiper même une décrue avec la fin des ventes de véhicules à moteur thermique prévue à partir de 2035.
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