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le réchauffement climatique et la mécanique de l’extrême

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Des pluies diluviennes au Japon, une vague de chaleur record en Italie, un nouvel épisode de sécheresse dans l’ouest des États-Unis… Comme en 2021, le début de l’été dans l’hémisphère Nord est marqué par plusieurs événements météorologiques extrêmes. Et avec eux revient inlassablement la même question : dans quelle mesure le réchauffement climatique en est-il responsable ? 

Fin juin, le Japon a été confronté à une vague de chaleur inédite. Le mercure a grimpé jusqu’à 35 °C pendant plusieurs jours consécutifs à Tokyo, la capitale, et jusqu’à 40 °C à Isesaki, dans le centre du pays. Du jamais-vu à cette période de l’année. Après cette chaleur étouffante, ce sont désormais des pluies diluviennes qui s’abattent sur l’archipel. 

De l’autre côté du globe, quinze jours après la canicule qui a touché la France, l’état d’urgence a été décrété dans cinq régions du nord de l’Italie. Là aussi, le thermomètre s’affole et les records de température tombent les uns après les autres. Rome vit ainsi depuis plusieurs jours sous 38 °C. En Sicile, la commune de Floridia a déjà atteint la barre des 46 °C. Samedi 2 juillet, pour la première fois, les 10 °C ont été atteints au sommet du glacier de la Marmolada, dans les Alpes italiennes. Conséquences directes de cette canicule : une partie de ce glacier s’est détachée provoquant la mort d’au moins sept personnes. Le lendemain, un feu de forêt se déclarait dans une pinède au sud de Rome.

>> En images : sécheresses, incendies et fonte des glaciers frappent l’Italie

Le continent américain n’est pas non plus épargné. Cette année encore, l’ouest des États-Unis subit un épisode de sécheresse important, au point de faire craindre l’arrêt prochain du barrage Hoover, qui produit de l’électricité pour des centaines de milliers de foyers américains. 

“Des phénomènes interconnectés” intensifiés par le réchauffement climatique

Comment expliquer, d’abord, que ces événements se produisent quasi au même moment, à plusieurs endroits du globe ? “Ce n’est absolument pas une coïncidence”, répond Pascal Yiou, climatologue, chercheur au Laboratoire des sciences du climat et de l’environnement. “Les phénomènes météorologiques sont interconnectés : un cyclone ou une vague de chaleur aux États-Unis aura une répercussion sur l’ensemble de la planète, et donc sur la mousson en Inde, par exemple.”

Si la concomitance de ces événements s’explique donc facilement, se pose aussi la question de leur intensité. Et là, Pascal Yiou pointe du doigt un coupable : le réchauffement climatique. “Il vient dérégler toute la dynamique atmosphérique !”, résume-t-il. “En augmentant la température aux pôles, il perturbe l’énergie des vents et, donc, l’alternance des cyclones et des anticyclones.” 

En bref, le réchauffement climatique favorise, par exemple, les conflits de masse d’air entre le sol et l’altitude. Cela peut provoquer, par exemple, le phénomène de “goutte froide”, lorsqu’une bulle d’air froid entre en collision avec des températures plus clémentes au sol, provoquant des précipitations très fortes et des orages. L’inverse une “goutte chaude” peut créer une canicule. Et ensuite, c’est l’effet domino, une canicule peut intensifier un épisode de sécheresse, provoquant des feux de forêt ou des fortes pluies provoquer des inondations et des glissements de terrain.

Face à ce constat, les climatologues comme Pascal Yiou ne cessent de tirer la sonnette d’alarme. Les canicules, inondations et autres événements extrêmes vont augmenter de manière “sans précédent” en matière d’ampleur, de fréquence, d’époque de l’année où elles frapperont et de zones touchées, alertaient ainsi les experts climat de l’ONU en août dans le rapport du Giec. “Ce début d’été, comme l’an dernier, montre que tout cela est déjà une réalité”, termine Pascal Yiou.

Une science de l’attribution

Si l’impact du réchauffement sur la météo mondiale n’est plus à prouver, les scientifiques ont longtemps rechigné à relier un événement individuel au changement climatique. Mais depuis 2015, un groupe international de scientifiques, le World Weather Attribution (WAA), a développé une méthode pour déterminer dans quelle mesure la survenue et l’intensité d’un événement sont liées à la crise climatique. C’est ce qu’on appelle la science de l’attribution.

“Les phénomènes météorologiques ont toujours des causes multiples”, explique Robert Vautard, météorologue et climatologue à l’Institut Pierre-Simon Laplace, qui œuvre au sein du WAA. “Mais aujourd’hui, on sait que le réchauffement climatique peut modifier la probabilité de certains événements. L’objectif est de déterminer l’ampleur.” 

La méthode est toujours la même : “Grâce à des modèles numériques, on compare une planète A, celle dans laquelle nous vivons, et une planète B, qui serait épargnée de toute activité humaine”, explique le chercheur. “On fait des milliers de simulations et on compte combien de fois un événement se serait produit dans les deux cas, et à quelle intensité.” 

Les membres du WAA ont ainsi montré que la canicule qui a touché l’Inde et le Pakistan en mars et en avril avait eu trente fois plus de chance de se produire à cause du dérèglement climatique. Pour ce qui est de la vague de chaleur qui a touché le Canada en juin 2021, la probabilité a augmenté de 150. “Concrètement, ce que l’on montre, c’est que cet événement aurait pu se produire sans changement climatique, mais avec une bien moindre probabilité.”

Une part humaine encore difficile à mesurer

À l’inverse, les analyses montrent parfois qu’un événement n’est pas lié au réchauffement climatique. C’est le cas, par exemple, des tempêtes hivernales Eleanor et Friederike, qui ont frappé l’Europe en janvier 2018.

Le groupe de chercheurs prend aussi en compte des critères économiques et sociaux. Il a ainsi tranché que le changement climatique n’était pas le principal facteur de la famine à Madagascar, contrairement aux affirmations de l’ONU. Les principaux responsables seraient la pauvreté, les conditions météorologiques naturelles et les mauvaises infrastructures. 

“Aujourd’hui, l’influence du changement climatique sur les vagues de chaleur ou de froid ne fait plus de doute”, résume Robert Vautard. “Pour certains phénomènes, il reste en revanche difficile d’établir un lien clair avec le réchauffement climatique. C’est le cas pour les cyclones ou les tornades.”

“De même, si on parle des inondations par exemple, il faut bien faire la part des choses. Car outre les précipitations, se pose aussi la question de la gestion humaine des cours d’eau. Même chose pour les incendies : le départ de feu est souvent dû à un geste humain”, poursuit-il. “Cette part humaine est forcément difficile à mesurer.”

“Finalement, tout l’enjeu de la science de l’attribution, c’est que cela permette de prendre conscience de la façon dont le réchauffement climatique se manifeste au quotidien”, termine Robert Vautard. “Les phénomènes météorologiques extrêmes vont désormais être la norme. La seule façon d’éviter que la situation n’empire, c’est de lutter au maximum contre le réchauffement climatique.” Prochainement, le WAA rendra tranchera sur le rôle du réchauffement climatique sur la vague de chaleur au Japon.

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Written by Stephanie

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