Un retraité de l’ouest de Montréal se reposait dans sa chambre jeudi dernier lorsqu’un puissant éclair s’est abattu à une quinzaine de mètres de lui, sur le toit de sa maison, maintenant une perte totale.
« C’est un accident troublant, reconnaît sobrement Vassos Vasiliou. Mais nous sommes là pour raconter notre histoire. »
L’homme de 65 ans dormait dans sa chambre en fin de journée, jeudi dernier, et sa femme, Jennifer Coutlee, était dans la cuisine lorsque leur résidence de Beaconsfield a été frappée de plein fouet par un éclair.
« L’entrée du grenier était un peu chaude et en l’ouvrant j’ai vu qu’il y avait beaucoup de fumée », relate M. Vasiliou, dont le réveil a été brutal.
La charge électrique a provoqué un vrai vacarme dans le quartier.
« J’ai entendu un bang, comme si un missile avait frappé », se souvient Bob Driscoll, un voisin qui se trouvait à l’extérieur de sa résidence au moment des faits.
La violence de l’incendie aurait nécessité l’intervention de dizaines de pompiers, qui sont parvenus à maîtriser les flammes après plus de quatre heures de travail.
À vol d’oiseau, on constate qu’un trou béant s’est formé dans la portion du toit qui donne sur le grenier de la maison de Vassos Vasiliou et Jennifer Coutlee.
Figés dans le temps
Et pourtant, à l’étage principal, certains biens, comme des tables, des chaises et des plantes n’ont pas bronché, presque intacts.
Photo Agence QMI, Thierry Laforce
La foudre a détruit une partie de la maison, mais, en même temps, plusieurs biens, comme ce chapeau blanc, sont restés bien à leur place comme si rien ne s’était passé.
M. Vasiliou est déçu d’avoir perdu certains objets à valeur sentimentale, dont un couvre-lit cousu en coton à la main par sa mère.
« Je vais aller chercher des albums de photos, se rassure-t-il. C’est le plus important. »
Celui qui a œuvré comme travailleur social au sein de la Direction de la protection de la jeunesse pendant plus de 30 ans garde les pieds sur terre malgré l’invraisemblance de la catastrophe.
« Ce ne sont que des briques », relativise-t-il, en nous faisant visiter sa cour, où des coussins et une porte salis reposent au sol.
Le Montréalais considère tout de même qu’il faut témoigner de ce type d’expérience.
« En tant que travailleur social, je reconnais l’importance pour une personne de parler de ce qu’elle a vécu », souligne-t-il, ne s’attendant tout de même pas à souffrir d’un traumatisme.
Repartir à zéro
Vassos Vasiliou et Jennifer Coutlee sont pour le moment hébergés par un ami de longue date, habitant en face du lieu du sinistre.
« Nous avons développé des amitiés partout [dans le quartier]. Tout le monde était vraiment aidant », indique le retraité.
Photo Agence QMI, Thierry Laforce
Au lendemain du sinistre, Vassos Vasiliou prévoit déjà construire une nouvelle résidence.
Le couple espère en temps et lieu reconstruire la résidence bâtie en 1959. M.Vasiliou veillera à entretenir son terrain.
« Il faut bien que quelqu’un le fasse », lâche-t-il, en remettant des plants de laitue dans leur bac.
Un toit, au plus vite !
L’éclair qui a frappé la maison d’un couple de Beaconsfield rappelle l’importance de trouver un toit lorsqu’un orage violent se prépare, estime un expert.
Lorsque l’éclair frappe la maison, il prend le chemin des conduits électriques, élabore Nicolas Lessard, météorologue chez MétéoMédia.
Dans le cas de Beaconsfield, « ça a probablement protégé [les résidents] », indique-t-il.
« Il ne faut vraiment pas être chanceux pour que la foudre frappe notre maison », indique M. Lessard.
En effet, selon Environnement Canada, les probabilités d’être touché sont de moins d’un sur un million.
Dans l’optique où des personnes se trouvent dans un véhicule lors d’un orage, il est recommandé de fermer les fenêtres pour bloquer la progression du courant.
Grande portée
Un éclair peut s’allonger de quelque 30 kilomètres à l’extérieur de sa cellule orageuse, mentionne Nicolas Lessard.
Ainsi, la trajectoire d’un éclair est difficile à établir, comme elle est influencée par les objets se trouvant sur son chemin, surtout ceux qui contiennent de l’électricité.
On ne peut donc pas établir si davantage de résidences pourraient être touchées par la foudre dans le futur, fait valoir l’expert.
Pas plus tard qu’en juin dernier, un éclair avait mis en feu trois résidences de Sainte-Marthe-sur-le-Lac, mettant plusieurs personnes à la rue.
Selon Environnement Canada, entre deux et trois personnes par année meurent à cause de la foudre, et environ 180 autres sont blessées.