« Bêtes de science », c’est comme un recueil d’histoires. De belles histoires qui racontent le vivant dans toute sa fraîcheur. Mais aussi dans toute sa complexité. Une parenthèse pour s’émerveiller des trésors du monde. Pour ce nouvel épisode, découvrons une petite bête pas toujours la bienvenue : la guêpe à papier.
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La guêpe à papier. Vous connaissez ? Comme son nom l’indique, c’est une sorte de guêpe. Oh, pas la plus agressive de toutes. Sa piqûre, en revanche, est réputée pour être extrêmement douloureuse. Certains en souffrent pendant des heures. Alors, mieux vaut ne pas lui chercher des embrouilles, sans toutefois être tenté de l’éliminer trop rapidement parce que la guêpe à papier joue un rôle capital dans l’environnement. Elle se nourrit du nectar des fleurs. Et travaille ainsi à leur pollinisation. Mais ce n’est pas tout. Parce que ses larves, elles, se nourrissent d’insectes nuisibles pour les récoltes, comme les chenilles.
Et puis, la guêpe à papier, malgré son cerveau tout petit, présente d’étonnantes capacités. Elle sait apprendre et elle a une mémoire incroyable. Elle peut ainsi, par exemple, distinguer les différents individus de son espèce. En observant simplement leurs marques faciales. Et gare à celle dont les marques ne lui sont pas familières…
La guêpe à papier sait aussi adapter son comportement en fonction du souvenir qu’elle garde d’interactions passées. Elle serait même en mesure de s’appuyer sur une situation connue pour se dépatouiller d’une conjoncture qui lui serait inconnue. Et comble de la délicatesse cognitive de la guêpe à papier, elle serait capable de faire la différence — ou d’établir la ressemblance — entre des situations différentes ou entre des situations semblables.
Une capacité qui n’est pas donnée à tous
Si cela vous semble évident, sachez que ce n’est vraiment pas le cas pour tout le monde. Les primates, les dauphins, les perroquets, les corvidés ou encore les pigeons ont accès à ce genre de distinctions. Du côté des invertébrés, seule l’abeille européenne est dans ce cas. Du moins, dans l’état actuel des connaissances des chercheurs. Et désormais, il faudra compter avec la guêpe à papier.
Comment les chercheurs l’ont-ils établi ? Ils ont d’abord entraîné des guêpes à papier femelles à distinguer des paires de stimuli visuels. Des stimuli identiques ou différents. Des morceaux de papier colorés ou des visages d’autres guêpes. Des stimuli auxquels elles sont habituées à prêter attention dans leur vie quotidienne sauvage. Une paire, seulement, étant associée à un choc électrique sans danger, mais désagréable. Puis, les chercheurs ont exposé les mêmes guêpes à papier à de nouvelles paires de stimuli. Lorsque les guêpes réussissaient à éviter le choc électrique, leur choix était jugé « bon ». Et 80 % des guêpes ont justement fait le « bon » choix.
Les guêpes à papier se sont même montrées capables d’appliquer les règles apprises — de manière étonnamment rapide, après seulement une petite dizaine d’essais — à des stimuli non plus visuels, mais olfactifs — la diffusion d’odeurs chimiques semblables à celles émises par leurs compagnes de nid. Une preuve solide, pour les chercheurs, qu’elles sont capables de former des concepts abstraits. Une preuve de plus que la guêpe à papier n’est pas si bête. Et que la taille du cerveau — qui contient dans le cas présent moins d’un million de neurones, contre plus de 80 milliards chez les humains — n’est pas un facteur limitant de l’intelligence.
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