Au cours de son histoire, l’Homme a laissé derrière lui plusieurs indices de sa présence et de ses activités, tels que des outils en pierre taillée. Cependant, l’absence de tels outils signifie-t-elle que l’Homme n’était pas présent sur un territoire ? La découverte de traces de boucherie sur des mammouths en Amérique indique que notre espèce était présente sur ce continent il y a déjà 37.000 ans.
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La présence de l’espèce humaine sur le Nouveau-Continent est généralement estimée par les archéologues grâce à l’identification de restes d’industrie lithique. Les plus anciennes traces d’une industrie lithique élaborée datent en effet, en Europe, de la révolution du Paléolithique supérieur, il y a environ 45.000 ans. Celle-ci a ensuite été propagée en Sibérie ainsi qu’en Asie, pour enfin être apportée en Amérique il y a environ 16.000 ans. Or, la date d’introduction de tels outils en Amérique est largement associée par les archéologues à celle, également, de l’arrivée de l’espèce humaine sur ce continent. Ce dernier point vient néanmoins d’être remis en question par une équipe de recherche internationale, qui publie un article dans le journal Frontiers in Ecology and Evolution.
Les auteurs de cette étude décrivent la découverte qu’ils ont faite de restes de mammouths au niveau de la localité de Hartley, située sur le plateau du Colorado, dans le nord du Nouveau-Mexique. Les restes consistent notamment en une défense – qui affleurait déjà sur le site -, des côtes, une molaire, des vertèbres et une mâchoire de mammouth qui appartiennent à une femelle adulte ainsi qu’à son petit.
Des traces de boucherie
Des pointes Clovis en obsidienne, qui sont des projectiles fabriqués par l’Homme, ont également été trouvées sur le site. Le site de Hartley avait auparavant été identifié comme un lieu probable de boucherie, mais les auteurs indiquent que les restes de mammouths pourraient être antérieurs à la présence des projectiles. Les restes de mammouths sont désarticulés et empilés sur une profondeur d’un mètre et les os du crâne ainsi que les défenses sont disposés sur le dessus de la pile.
L’analyse du collagène contenu dans l’un des os de mammouths révèle que le spécimen date d’il y a environ 37.000 ans. Le crâne de la femelle adulte porte des traces de fractures causées par des impacts répétés, caractéristiques de gestes effectués afin de rompre l’os pour accéder au cerveau et autres tissus mous dans le crâne. De plus, le diamètre de perforations sur plusieurs os suggère que ces dernières n’ont pas été causées par des canines de carnivores mais plutôt par des outils. Des marques courtes, larges et parallèles sur une côte sont par ailleurs cohérentes avec l’utilisation d’outils grossiers de boucherie et suggèrent que les côtes ont été systématiquement détachées de la colonne vertébrale des mammouths. La désarticulation des vertèbres ainsi que leur perforation a de plus probablement été réalisée afin d’en extraire la graisse plus facilement.
Les auteurs indiquent enfin que la présence de traces de boucherie et d’activité humaine en Amérique il y a 37.000 ans est en accord avec l’hypothèse selon laquelle deux groupes humains distincts ont colonisé les Amériques : l’un avant le dernier maximum glaciaire (-31.000 ans) et l’autre il y a environ 16.000 ans.
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