Quand un volcan entre en éruption, il y a des coulées de lave et des panaches de fumée. Mais quand ledit volcan est un volcan sous-marin, il peut aussi y avoir éjection dans l’atmosphère de vapeur d’eau. Et dans le cas du volcan Hunga Tonga-Hunga Ha’Apai, entré en éruption en janvier dernier, ce fut de colossales quantités de vapeur d’eau.
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En janvier dernier, un volcan sous-marin au nom à rallonge — baptisé Hunga Tonga-Hunga Ha’Apai — est entré en éruption dans le Pacifique. S’en est suivi un tsunami qui a impacté près de 90.000 personnes dans les îles Tonga. Le bruit de cette puissante éruption a fait deux fois le tour de la Terre ! Et aujourd’hui, des chercheurs du Jet Propulsion Laboratory (JPL, États-Unis) nous apprennent que la colère du volcan a aussi projeté une quantité absolument colossale de vapeur d’eau dans les airs. De quoi remplir près de 60.000 piscines olympiques !
« Nous n’avons jamais rien vu de tel », commente Luis Millan, chercheur au JPL, dans un communiqué. Selon ses chiffres, ce ne sont pas moins de 146 téragrammes, soit 146 milliards de kilogrammes de vapeur d’eau que le volcan Hunga Tonga a envoyés directement dans la stratosphère — et même un peu au-dessus –, la couche de l’atmosphère qui se trouve entre 15 et 50 kilomètres au-dessus du sol. C’est près de quatre fois plus que ce qu’avait éjecté l’éruption du mont Pinatubo (Philippines) en 1991. Et pas moins de 10 % de la quantité totale de vapeur d’eau déjà présente à ce niveau de l’atmosphère.
C’est d’autant plus remarquable qu’il reste rare que des éruptions volcaniques injectent de la vapeur d’eau dans la stratosphère. Près de 20 ans que la Nasa fait des relevés. Et cela n’était arrivé que deux autres fois. Lors de l’événement de Kasatochi (Alaska) en 2008 et lors l’éruption de Calbuco (Chili) en 2015. Dans des proportions très loin d’être comparables, en plus. L’excès de vapeur d’eau s’était rapidement dissipé. Cette fois, il pourrait persister jusqu’à une dizaine d’années.
When the Hunga Tonga-Hunga Ha’apai volcano erupted on Jan. 15, it sent a tsunami around the world & set off a sonic boom that circled the globe twice. The eruption also sent a plume into the stratosphere with enough water vapor to fill more than 58k Olympic-size swimming pools. pic.twitter.com/dmOjQle6dq
— NASA Climate (@NASAClimate) August 2, 2022
Des conséquences pour la vie sur Terre ?
Les chercheurs attribuent le phénomène à une sorte de position « idéale » de la caldeira du volcan à quelque 150 mètres de profondeur. Plus profond et la pression de l’océan aurait atténué l’éruption. Moins profond et il y aurait eu bien moins d’eau surchauffée pour former de la vapeur.
L’ennui, c’est que la présence de vapeur d’eau dans l’atmosphère n’est pas si neutre et innocente qu’il pourrait sembler de prime abord. Car dans la stratosphère, la vapeur d’eau a tendance à produire des radicaux qui portent des électrons « célibataires ». Ce qui les rend hautement réactifs. Ils ont tendance à détruire l’ozone. Or l’ozone stratosphérique est celui qui protège la vie du rayonnement ultraviolet nocif qui nous arrive du Soleil.
La vapeur d’eau joue aussi un rôle assez direct sur l’effet de serre. C’est même un gaz à effet de serre plutôt efficace. Parce qu’elle peut absorber le rayonnement infrarouge émis par notre Terre sur une large plage de fréquences. Ainsi l’éruption du volcan Hunga Tonga et l’injection massive de vapeur d’eau qui en a suivi devraient avoir au moins un effet ponctuel — de potentiellement plusieurs années tout de même, une fois le dioxyde de soufre rafraîchissant dissipé — sur les températures moyennes. Les faisant grimper un peu plus encore. Quant à un possible effet sensible à plus long terme sur le réchauffement climatique anthropique, les scientifiques restent pour l’heure partagés.
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