Une base de données révèle que les plus grandes catastrophes climatiques survenues dans le monde depuis les années 1930 sont, soit directement liées au réchauffement issu des émissions de gaz à effet de serre, soit aggravées par celui-ci. Le lien le plus évident concerne celui des vagues de chaleur, suivi des incendies.
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[EN VIDÉO] Réchauffement climatique : notre planète en territoire inconnu Dans la version préliminaire — qui ne couvre que les neuf premiers mois de l’année 2021 — de son rapport annuel State of the Global Climate, l’Organisation météorologique mondiale (OMM) confirme la tendance au réchauffement climatique. Pour la première fois, la barre d’une hausse de 1 °C par rapport aux moyennes préindustrielles a été franchie sur la période des vingt dernières années. Mais le rapport met surtout en avant les nombreux phénomènes météo extrêmes survenus en 2021 et leurs conséquences pour la planète et pour l’humanité. © Organisation météorologique mondiale
Dans les années 2000, une nouvelle science est née, la science de l’attribution : celle-ci tente de comprendre si les catastrophes climatiques sont liées, ou non, aux émissions de gaz à effet de serre liées à l’activité humaine. Le journal The Guardian a compilé les données d’attribution de l’organisme Carbon Brief concernant les récentes catastrophes naturelles, afin de savoir si celles-ci sont attribuables au réchauffement climatique d’origine humaine.
Les résultats sont édifiants : plus d’une douzaine d’événements météo majeurs survenus depuis 2012 sont directement liés au réchauffement climatique, ou nettement aggravés par celui-ci. Comment peut-on réussir à attribuer un événement météo au réchauffement climatique ? Par le biais de modélisations qui comparent des scénarios climatiques, sans émissions de gaz à effet de serre liées aux activités humaines, avec l’évolution du climat actuel. Les simulations sans ces gaz à effet de serre issus des activités humaines depuis la Révolution industrielle montrent une évolution du climat différente de celle que nous connaissons actuellement, avec des événements météo moins extrêmes.
Des catastrophes météo aggravées par un réchauffement à « seulement » +1 °C
Parmi les récentes catastrophes climatiques étudiées :
- le dôme de chaleur et les incendies de l’Ouest américain et canadien en juillet 2021 : une vague de chaleur dont l’intensité a également été jugée impossible sans le changement climatique lié aux gaz à effet de serre ;
- la canicule de 2019 en France : dont l’intensité est jugée impossible sans l’influence du réchauffement climatique. Toulouse aurait connu des températures 4 °C en dessous durant cet épisode sans réchauffement climatique ;
- la chaleur record et les incendies en Sibérie en juin 2020 : estimé 80 % plus probable en raison du réchauffement ;
- les incendies géants en Australie en 2019-2020 : la chaleur historique de mars 2016 a été jugée 175 fois plus probable en raison du réchauffement climatique ;
- les ouragans Harvey et Maria en 2017 : estimés comme plus puissants en raison de la chaleur de l’eau de l’océan qui a servi de carburant aux phénomènes cycloniques.
D’autres événements comme les inondations meurtrières de juillet 2021 en Allemagne et en Belgique, ou encore les récentes inondations d’avril 2022 en Afrique du Sud ont été jugées comme largement aggravées par le réchauffement climatique.
Des catastrophes meurtrières qui se sont toutes produites dans un contexte de réchauffement à « seulement » +1 °C, alors que nous nous dirigeons à au moins +2,5 °C d’ici la fin du siècle, si ce n’est 3 ou 4 °C dans les pires scénarios envisagés.
Vagues de chaleur et sécheresses sont les conséquences les plus évidentes du réchauffement
Parmi les 500 catastrophes climatiques référencées dans la base de données de Carbon Brief, 71 % sont jugées « davantage possibles » ou « nettement aggravées » en raison du réchauffement climatique. Les conclusions sont frappantes en ce qui concerne les vagues de chaleur (93 % attribuées au réchauffement climatique), les sécheresses (68 % attribuées au réchauffement climatique) et les inondations (56 % attribuées au réchauffement climatique). Les récentes vagues de froid et tempêtes de neige sont à l’inverse jugées moins probables et moins graves en raison du réchauffement climatique. En ce qui concerne les canicules, Carbon Brief estime qu’un mort sur trois au cours des 30 dernières années est la conséquence directe du changement climatique provoqué par l’activité humaine.
Plus surprenant, les études de Carbon Brief révèlent que les catastrophes météo liées au changement climatique ne sont pas aussi récentes que ce que l’on pensait jusqu’à maintenant. La hausse des températures aurait commencé à avoir des effets sur la météo dès les années 1930, à l’instar du Dust Bowl dévastateur survenu aux États-Unis : une série de gigantesques tempêtes de poussières qui a ravagé les cultures du Kansas, Oklahoma et Texas de 1932 à 1940.
Les données de Carbon Brief montrent finalement que les effets négatifs du réchauffement climatique ont commencé bien plus tôt que ce que l’on pensait et qu’ils sont présents partout dans le monde de manière de plus en plus évidente.
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