Des analyses des eaux usées ont été réalisées dans cet État américain après la confirmation d’un cas de polio. Elles ont révélé des traces du virus causant cette maladie, ce qui voudrait dire qu’il circule dans la population.
Les autorités sanitaires de l’État de New York avaient signalé le 21 juillet dernier un cas de poliomyélite dans le Comté de Rockland. L’homme est atteint de paralysie, l’une des conséquences possibles, mais rares, de cette maladie. Des analyses ont depuis été réalisées dans les eaux usées de l’État où “le virus a été détecté dans des échantillons d’eaux usées de juin et de juillet”, dans les Comté de Rockland, mais aussi d’Orange, est-il expliqué dans un communiqué.
“Les New-Yorkais devraient savoir que pour chaque cas de poliomyélite paralytique observé, il peut y avoir des centaines d’autres personnes infectées”, a déclaré la commissaire à la santé de l’État, Mary T. Bassett, qui explique que ce cas identifié ne serait que la partie émergée de l’iceberg.
“Ce que nous savons est clair: le danger de la poliomyélite est présent à New York aujourd’hui”, déclare-t-elle.
Des tests ont été menés dans les eaux usées pour estimer la présence du poliovirus, et au 5 août, le CDC (Centre américain pour le contrôle et la prévention des maladies), avait confirmé la présence de 11 échantillons positifs remontant à juin et juillet, reliés à l’individu infecté identifié: six dans le Comté de Rockland, cinq dans celui d’Orange.
Ces résultats montrent que le virus circule dans la population mais hormis le cas de paralysie cité ci-dessus, aucun autre individu infecté n’a été identifié pour le moment.
“Des centaines, voire des milliers de cas” potentiels
La poliomyélite est due au virus appelé poliovirus, et “la plupart des personnes qui en sont infectées (environ 72%) ne présentent pas de symptôme visible”, écrit le CDC. Des symptômes plus graves apparaissent dans des cas plus rares – moins de 1% – comme la paralysie, mais aussi la paresthésie (ressentir des fourmillements, picotements…) ou la méningite.
En ce sens, “il n’y a pas qu’un seul cas de poliomyélite si vous voyez un cas paralytique”, déclare Patricia Schnabel Ruppert commissaire à la santé du comté de Rockland à la BBC. “La plupart des cas sont asymptomatiques ou légèrement symptomatiques, et ces symptômes sont souvent manqués”, explique-t-elle, “il y a donc des centaines, voire des milliers de cas qui se sont produits pour que nous puissions voir un cas paralytique.”
La paralysie est la manifestation la plus sévère de cette maladie et mène à la mort pour 2 à 10% des personnes touchées par ce symptôme, “car le virus affecte les muscles permettant de respirer”, explique le CDC.
La transmission de cette maladie “est exclusivement interhumaine et s’effectue essentiellement par voie féco-orale en particulier par l’intermédiaire d’eau souillée, d’aérosols ou d’aliments contaminés par les selles”, explique l’Institut Pasteur.
Comment a été infecté le patient paralysé?
Il est possible de transmettre le virus sans avoir de symptômes et “les personnes infectées peuvent transmettre l’infection tant que le virus persiste dans la gorge (une semaine) et dans les excréments (3 à 6 semaines ou même davantage)”, souligne l’Institut Pasteur.
Le patient identifié a été infecté par un virus poliomyélitique Sabin de type 2, expliquent les autorités sanitaires de New York. Les résultats indiquent que l’homme a été infecté par un individu ayant reçu le vaccin antipolio oral (VPO) “qui n’est plus autorisé ni administré aux États-Unis”, où n’est utilisé que le vaccin poliomyélitique injectable (VPI). La souche identifiée ne peut en effet pas venir d’un vaccin inactivé, comme celui utilisé outre-Atlantique, assure le département de Santé de l’État de New York.
Le malade ayant fait un voyage en Europe avant de ressentir les premiers symptômes, comme l’écrit ABC, c’est là qu’il aurait donc pu attraper la polio.
Avec le VPO – qui contient des poliovirus vivants atténués – il existe une rare “possibilité d’induire la maladie chez certaines personnes vaccinées et l’introduction dans l’environnement de souches de poliovirus vivantes, certes atténuées mais qui peuvent établir des chaines de transmission dans les contextes où la couverture vaccinale est faible après leur excrétion par les personnes vaccinées”, écrit l’Institut Pasteur.
“Tous les enfants et adultes non vaccinés doivent recevoir immédiatement une première vaccination”
Or, si la vaccination contre la polio approche les 80% dans l’État de New York, elle n’atteint que 58.68% dans le comté d’Orange, et 60.34% à Rockland. Les autorités appellent donc la population non vaccinée à recevoir des doses pour être protégée d’une possible contamination.
“Il est préoccupant que la poliomyélite, une maladie qui a été largement éradiquée grâce à la vaccination, circule désormais dans notre communauté, en particulier compte tenu des faibles taux de vaccination contre cette maladie” dans certains territoires, déclare le commissaire à la santé du comté d’Orange Irina Gelman. “J’exhorte tous les résidents non vaccinés du comté d’Orange à se faire vacciner dès que possible”, ajoute-t-elle.
“Tous les enfants et adultes non vaccinés doivent recevoir immédiatement une première vaccination contre la poliomyélite”, abonde Patricia Schnabel Ruppert.
D’après les dernières données du CDC, 92,6% de la population américaine est vaccinée contre la polio, et doit donc être protégée contre la transmission, ce qui limite les craintes d’une épidémie d’ampleur, et n’inquiète pas outre mesure les experts en santé publique selon le Los Angeles Times, qui appellent toutefois à la vaccination.
“Deux doses de vaccins antipoliomyélitiques sont efficaces à 90% contre la poliomyélite, tandis que trois doses sont efficaces à plus de 99% pour prévenir la maladie”, écrit l’ECDC (Centre européen de prévention des maladies).
En France, cette vaccination fait partie des 11 vaccins obligatoires, et “le dernier cas de poliomyélite autochtone remonte à 1989” tandis que “le dernier cas importé à 1995, tous deux concernant des adultes”, assure la Haute Autorité de Santé, mais la vigilance reste constante sur ce sujet. Fin juin, des traces d’une forme de polio avaient en effet été retrouvées dans les eaux usées de Londres.