Notre chronique « Bêtes de science », c’est comme un recueil d’histoires. De belles histoires qui racontent le vivant dans toute sa fraîcheur. Mais aussi dans toute sa complexité. Une parenthèse pour s’émerveiller des trésors du monde. Pour ce nouvel épisode, intéressons-nous à un animal qui a plutôt mauvaise réputation : le loup.
Le loup. Le moins que l’on puisse en dire, c’est que sa réputation n’est pas la meilleure. On le décrit s’attaquant sans vergogne aux troupeaux. Il passe parfois pour un mangeur d’Hommes. Mais la réalité est tout autre. Le loup est en fait un animal discret. Craintif, même. Sans beaucoup de lien avec le grand méchant loup qui se raconte dans les histoires pour enfants. Des histoires dont on oublie un peu trop facilement aujourd’hui, le côté imagé. Des histoires dans lesquelles le véritable grand méchant n’est pas forcément celui que l’on croit…
Savez-vous que le loup a même montré, au fil du temps, qu’il est doué d’une certaine intelligence ? Il serait ainsi capable de mener des réflexions concrètes, d’anticiper les conséquences d’une action et de comprendre étonnamment bien les relations de cause à effet. Mieux, même, que notre ami le chien. Et ce n’est pas rien.
Pour en apprendre un peu plus sur cet animal de légende, des éthologues se sont penchés sur son sommeil. Histoire de mieux comprendre, par comparaison avec ce que nous savons des nuits de nos chiens, quels effets la domestication — ou en l’espèce, l’absence de domestication — peut avoir sur la manière dont un animal dort. Il faut savoir aussi que les chercheurs pensent que le sommeil a joué un rôle important dans l’évolution de l’intelligence humaine. Dormir mieux — comprenez plus profondément — même si c’est moins longtemps, aurait favorisé notre mémoire et permis de développer notre cerveau. Et laisser aussi plus de temps disponible à l’apprentissage et à la transmission des savoirs et des cultures.
Un sommeil étonnement profond
Mais comment faire pour s’immiscer dans les rêves du loup ? Les chercheurs le savent, il n’y a qu’une seule véritable solution : l’électroencéphalogramme. Poser des électrodes sur la tête d’un loup pour mesurer l’activité de son cerveau pendant son sommeil. Vous avez du mal à imaginer la situation ? C’est pourtant bien ce que des éthologues ont fait.
Ils se sont d’abord armés de patience. Parce qu’avant de soumettre les loups à leurs expériences, ils les ont élevés et socialisés dès leur plus jeune âge. De manière à pouvoir les manipuler sans provoquer chez eux de craintes. Et ils sont finalement arrivés à leurs fins. Avec un résultat qui les a surpris.
Le temps de sommeil profond — celui que les scientifiques appellent le sommeil paradoxal — apparaît plus long chez les loups que chez nos amis les chiens. Avec une différence un peu plus marquée encore lorsque les animaux prennent de l’âge. Pourquoi cela a-t-il étonné les chercheurs ? Parce que, rappelez-vous ce que nous disions, dormir mieux est associé au développement neurologique, à un moindre stress, à une consolidation de la mémoire. Mais aussi à la domestication. Car en principe, un animal domestique dort dans un environnement protégé qui autorise le laisser-aller au sommeil profond.
Ainsi, si le loup n’est pas si bête, c’est peut-être bien grâce — en partie au moins — à la qualité de ses nuits. Mais les éthologues reconnaissent qu’ils doivent encore valider cette hypothèse en étudiant un plus grand nombre d’individus. Parce que pour l’heure, ce ne sont que sept loups qui sont passés entre leurs mains. Et c’est un peu juste pour en tirer des conclusions définitives.
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