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Dernier arrivage de mangues fraîches à la fabrique Rose Eclat, dans la banlieue de Ouagadougou. A peine déchargés du camion de 18 tonnes, les fruits exhalent un parfum sucré dans tout l’entrepôt, au grand bonheur des mouches qui virevoltent autour. A côté, un groupe de femmes lavent, trient et sélectionnent les plus mûrs. « La mangue doit être légèrement molle au toucher », explique Rosemonde Touré, la fondatrice de cette entreprise spécialisée dans la production de mangues séchées et devenue, en vingt ans, l’une des leaders sur le marché burkinabé, avec plus de 100 tonnes produites chaque année.
Déshydraté, frais ou en jus, le fruit tropical à la chair fondante et juteuse constitue un enjeu économique et social important au Burkina Faso, où la filière emploie près de 40 000 personnes, de la production à la transformation, en passant par le commerce local et l’exportation. Dans l’ouest du pays, où sont concentrés la plupart des vergers familiaux, des villages entiers vivent de cet « or orange », si abondant à l’état naturel qu’il n’a pas besoin d’être cultivé de façon industrielle.
De mars à juillet, les étals des vendeuses de rue débordent dans la capitale et les manguiers ploient dans les cours des maisons, où les enfants s’amusent à grimper pour manger les fruits et sucer leur noyau. Au Burkina Faso, le Mangifera indica, son nom scientifique, fait partie intégrante du paysage. On palabre en cercle sous les plus anciens et on s’offre des mangues entre voisins. « Elle est au cœur de nos vies depuis tout petits, c’est un peu notre pomme à nous ! », résume Mme Touré, en souriant.
Missionnaire savoyard
Il faut remonter aux années 1930 pour retrouver le premier manguier du Burkina Faso, dont la souche gît toujours dans la cour de la cathédrale de la capitale. C’est un missionnaire savoyard passionné de vin et de jardinage qui décide de rapporter une première bouture dans ses bagages, avec des pieds de vigne. Très vite, cette espèce originaire d’Inde séduit et des notables en plantent dans leur jardin. Mais cette variété originale tarde à produire ses prémices. « La coutume interdisait de semer les graines d’un arbre dont on ne verrait pas les fruits avant sa mort, il faudra attendre les années 1950 pour que des scientifiques introduisent des variétés greffées qui fructifient en trois ans seulement », raconte Moussa Guira, chercheur à l’Institut de l’environnement et de recherches agricoles du Burkina Faso et l’un des spécialistes de la mangue burkinabée.
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