La maladie, disparue depuis de longues années, a fait sa réapparition dans plusieurs villes à travers le monde. Si Santé publique France se veut rassurant, le risque ne peut être totalement écarté pour l’Hexagone.
Londres, Israël, l’État de New York… Pour la première fois depuis des années, la polio a fait son retour dans plusieurs endroits du monde. En juin, le virus a été détecté dans les eaux usées de la capitale anglaise, forçant les autorités britanniques à renforcer la vaccination des enfants de Londres mercredi.
La poliomyélite, qui touche surtout les enfants, est une maladie extrêmement contagieuse qui envahit le système nerveux et peut causer une paralysie permanente. Dans les cas les plus graves, elle peut même entraîner la mort.
La lutte contre le virus s’est intensifiée ces dernières décennies, et avec un taux d’incidence qui a réduit de 99% depuis 1988, la maladie est “sur le point d’être éradiquée à l’échelle mondiale”, souligne l’OMS. En 2021, seulement six cas ont été notifiés, contre 350.000 cas estimés il y a 30 ans.
Une couverture vaccinale “rassurante”
Mais la résurgence du virus inquiète les autorités à travers la planète, surtout qu’il n’existe pas de traitement contre la poliomyélite. “Les principales mesures de prévention relèvent de l’hygiène et de la vaccination”, indique Santé Publique France.
Dans un bulletin publié au début de l’été, l’agence de santé explique que “l’excellente” couverture vaccinale en France “est rassurante”. En 2019, le taux de primo-vaccination était de 99% et de 96% pour le rappel chez les nourrissons. Depuis 2018, la vaccination contre la polio est obligatoire.
“Elle procure une très bonne protection vis-à-vis de la maladie en cas de contamination, le risque d’apparition de cas et/ou de clusters au sein de la population française demeure donc très faible”, résume SPF.
De nombreux cas asymptomatiques
Pour autant, l’apparition de cas en France n’est pas impossible. “On n’est pas à l’abri”, affirme auprès de nos confrères du Parisien le chercheur Maël Bessaud, spécialiste du sujet à l’Institut Pasteur.
Surtout que, selon l’Organisation mondiale de la Santé, “jusqu’à 90% des sujets infectés restent asymptomatiques ou manifestent des symptômes bénins. La maladie passe alors inaperçue en général”. Elle se transmet essentiellement par l’intermédiaire des eaux souillées, d’aérosols, ou d’aliments contaminés par les selles.
“Les personnes infectées peuvent transmettre l’infection tant que le virus persiste dans la gorge (une semaine) et dans les excréments (trois à six semaines ou même davantage)”, alerte l’Institut Pasteur.
Le rattrapage vaccinal dans les groupes de population non vaccinés est donc très important pour prévenir l’apparition de clusters.
Sauf que, dans le monde, la proportion d’enfants ayant reçu les trois doses du vaccin contre la diphtérie, le tétanos et la poliomyélite (DTP) est tombée de 86% en 2019 à seulement 81% en 2021. “Il s’agit d’une alerte rouge pour la santé des enfants”, prévient Catherine Russel, directrice générale de l’Unicef.