Si les vignes de la commune de L’Etoile restent verdoyantes, le paysage alentour a basculé dans les ocres, au gré d’un nuancier né de la diversité des besoins des végétaux en eau. Après avoir emprunté une rue pentue derrière l’église de la localité jurassienne de 550 habitants, connue pour ses crus blancs et rouges, le chemin qui mène au Centre Athénas témoigne de l’aridité ambiante. C’est ici, en 1987, qu’un trio d’amoureux de la faune et de la flore a choisi d’installer, sur 50 ares, un « hôpital » pour animaux sauvages blessés.
Des activités de soin, mais aussi de suivi par GPS des individus réintroduits dans la nature, de lutte contre les trafics d’animaux sauvages, de protection des biotopes rares ou menacés, d’étude des impacts des activités humaines sur la faune. Gilles Moyne, l’un des trois fondateurs, le dirige toujours. Au fil des décennies, le lieu s’est agrandi. Il occupe désormais plus de 2 hectares avec ses volières, son bâtiment consacré au lynx, son accueil, à la fois bureau et mini-salle de soins.
Zone de vie limitée
Ce matin d’août, Gilles Moyne désespère. Non qu’il y ait un souci à Athénas mais parce que, la veille, il a vu l’exploitant d’un centre équestre du haut Jura arroser « une piste de la taille d’un terrain de foot, juste pour que des cavaliers tournent en rond sans être incommodés par la poussière », s’indigne-t-il. Une pratique « inadmissible » pour celui qui se bat sans relâche afin de sensibiliser le grand public à la protection des espèces non domestiques et des milieux naturels. D’autant plus dans un contexte de dérèglement climatique dont lui et son équipe, quatre salariés et une poignée de jeunes volontaires en service civique, constatent jour après jour les effets désastreux. « Cette année, par exemple, on nous a apporté des martinets noirs plus jeunes et plus tôt dans la saison que d’habitude, raconte-t-il. En quête d’air, ils se penchent trop et tombent des nids. »
La sécheresse a de nombreux effets, dont celui de déséquilibrer les chaînes alimentaires
Comme chacune des 120 espèces hébergées à L’Etoile, qu’il s’agisse d’oiseaux, de mammifères ou encore de reptiles, le martinet noir a son protocole particulier. L’oisillon de cinq grammes, ramassé au pied de l’arbre, en pèse cinquante lors de son relâché, quarante jours après. Entre-temps, il a bénéficié de cinq ou six nourrissages quotidiens à base d’insectes. Il n’est pas le seul troublé par la chaleur. « Les mouvements de populations sont plus précoces, les cigognes migrent vers des zones plus propices », poursuit Gilles Moyne. A l’inverse, des oiseaux plus exotiques arrivent du sud.
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