Le 9 août, Joe Biden a signé un projet de loi, baptisé le CHIPS Act , qui a pour but de soutenir la production de semi-conducteurs aux Etats-Unis. Ce dernier comporte une enveloppe de 52,7 milliards de dollars pour les entreprises qui relocalisent leur production de ces composants, ou passent des commandes à des fabricants américains.
Pour l’instant, la grande majorité de ces puces, nécessaires à la fabrication d’ordinateurs portables, de smartphones, mais qui sont aussi de plus en plus utilisées dans les voitures et d’autres objets de la vie quotidienne, sont fabriquées en Asie, et plus précisément à Taïwan. Micron Technology est le dernier grand producteur de puces mémoires aux Etats-Unis.
« Le futur sera fait en Amérique, » a promis Joe Biden au moment de signer le projet de loi. Le président démocrate a néanmoins rappelé qu’il « ne [s’agissait] pas d’un chèque en blanc pour les entreprises. » Ces dernières ne recevront de subventions que si elles s’engagent à ne pas augmenter leurs commandes de semi-conducteurs en Chine. Cette concession était nécessaire pour s’assurer le soutien de quelques élus républicains.
Micron Technology s’est distingué en annonçant, le même jour, un investissement de 40 milliards de dollars dans la fabrication de puces mémoire aux Etats-Unis. Cette somme permettra, selon lui, de créer 40.000 emplois dans le pays, dont 5.000 emplois directs. D’autres entreprises, dont Intel et Qualcomm, ont aussi fait des annonces à cette occasion.
1. Un siège dans l’Idaho
Le siège social de Micron Technology, entreprise créée en 1978, se situe dans la petite ville de Boise, dans l’Idaho. La capitale de l’Etat du Nord-Ouest américain comptait un peu plus de 237.000 habitants l’année dernière. Elle a bénéficié d’un afflux de travailleurs qui souhaitaient vivre dans un environnement plus naturel pendant la pandémie, même si certains d’entre eux ont commencé à repartir.
Micron Tech n’a pas encore précisé si elle comptait ouvrir une nouvelle usine dans la région, selon les médias locaux. Avec plus de 5.000 salariés à Boise, l’entreprise est l’un des principaux employeurs de la ville.
2. Une année compliquée
Micron souffre, comme les autres fabricants de puces, d’un ralentissement de la demande de semi-conducteurs. Le 9 août, il a annoncé que la demande de puces mémoire de type DRAM (puces mémoires dynamiques à accès direct) et NAND serait plus faible que prévu. Son action a reculé de 3,7 % à Wall Street après cette annonce.
La demande de produits électroniques, très élevée au plus fort de la pandémie de Covid, a fléchi ces derniers mois, à cause de l’inflation et de craintes autour d’une récession prochaine. Les producteurs d’ordinateurs et de smartphones cherchent à réduire la taille de leurs inventaires, a dit le PDG de Micron, Sanjay Mehrotra, à Bloomberg TV.
L’entreprise a cherché à s’adapter à cette baisse de la demande en produisant moins de semi-conducteurs. Mais les tendances à long terme restent les mêmes, estime le PDG, qui veut continuer à investir dans des capacités de production.
3. Un plan pour produire plus aux Etats-Unis
L’année dernière, Micron Technology avait annoncé qu’il investirait 150 milliards de dollars en dix ans dans ses capacités de production, ainsi que dans la recherche et le développement. Il s’est servi de cette promesse pour obtenir des subventions du gouvernement américain. Avec succès.
« Nous regardons à la fois différents sites aux Etats-Unis ainsi que dans nos emplacements existants », avait affirmé son directeur des opérations à Bloomberg. La majeure partie des semi-conducteurs actuellement produits par Micron viennent du Japon, de Singapour et de Taïwan.
Son PDG a affirmé que les investissements prévus aux Etats-Unis n’auraient pas été envisageables sans subventions. Moins de 2 % des puces mémoire dans le monde sont produites dans le pays, rappelle-t-il, et cette part a tendance à diminuer. Micron espère inverser la tendance en investissant 40 milliards de dollars. D’ici dix ans, une puce sur dix de ce type pourrait être produite aux Etats-Unis, estime l’entreprise.
Pour l’instant, les détails manquent sur ce plan d’investissements. La construction de nouvelles usines devrait démarrer en 2026, selon Sanjay Mehrotra. L’entreprise, qui a investi près de 3 milliards de dollars dans la R&D l’année dernière, donnera plus d’informations « dans les prochaines semaines. »