La fin d’une époque. Tencent, le géant chinois de la tech, a affiché mercredi le premier recul de son chiffre d’affaires trimestriel depuis son entrée en Bourse en 2004, pâtissant des difficultés économiques du pays et des retombées de la pandémie de coronavirus.
Alors qu’il avait affiché des croissances à deux voire trois chiffres jusqu’à décembre 2021, le chiffre d’affaires de Tencent a ainsi perdu 3 % sur un an au deuxième trimestre de son exercice, à 134 milliards de yuans (19,3 milliards d’euros), selon un communiqué de Tencent. Le bénéfice a plongé de 56 % à 18,6 milliards de yuans. Alibaba, le géant chinois du commerce en ligne, avait aussi annoncé début août un chiffre d’affaires trimestriel en léger repli, et ce pour la première fois de son histoire.
Tour de vis
Avant le contexte économique et les conséquences de la pandémie, le géant de l’internet, des jeux vidéo et du cloud, qui possède notamment l’application WeChat (réseau social, paiement en ligne) omniprésente en Chine, a dû aussi faire face au durcissement réglementaire dans un contexte de reprise en main du secteur de la tech par Pékin. Le tour de vis avait coûté en 2021 plus de 1.000 milliards de dollars aux géants chinois du secteur en capitalisation boursière, selon les calculs de Bloomberg.
Tencent , qui réfute les informations selon lesquelles il serait vendeur de sa participation de 24 milliards de dollars dans la compagnie chinoise de livraison de nourriture Meituan, explique avoir supprimé environ 5.500 emplois, ramenant le nombre de ses employés à 110.715 à la fin juin, premier recul des effectifs de l’entreprise depuis 2014.
« Nous avons activement éliminé les activités secondaires, resserré nos dépenses de marketing et taillé dans nos dépenses opérationnelles, ce qui nous a permis d’accroître séquentiellement notre bénéfice opérationnel (ne tenant pas compte des normes comptables IFRS) malgré les conditions difficiles pour le chiffre d’affaires », poursuit le communiqué.
Pas de licences de jeux
La Chine a gelé durant neuf mois toute nouvelle licence de jeux vidéo, décriés pour leur côté addictif chez les jeunes, ne reprenant ses autorisations qu’en avril. Tencent et son concurrent NetEase n’ont cependant obtenu aucune nouvelle licence.
« Tencent s’est serré la ceinture au moment où l’industrie chinoise de la tech entame un repli », a estimé pour l’agence Bloomberg Willer Chen, analyste à Forsyth Barr Asia. « Les performances de la compagnie dépendent dorénavant largement de ses progrès en matière de contrôle des coûts et d’optimisation opérationnelle ».