Les fortes chaleurs et la sécheresse qui sévissent cet été dans tout l’Hexagone impactent fortement la haute montagne. Avec des températures supérieures à zéro degré durant plusieurs semaines au-dessus de quatre mille mètres d’altitude, cet environnement subit plus encore que les autres les effets du réchauffement climatique.
Dans ce contexte, l’émotion légitime suscitée par de tragiques accidents inhérents à la pratique de la haute montagne a pu nourrir ces dernières semaines la tentation d’une réglementation plus coercitive de l’alpinisme, de l’instauration d’un « permis d’ascension », voire d’une « caution » pour bénéficier des secours en montagne.
En tant que professionnels de la montagne, élus, personnalités de l’alpinisme ou alpinistes amateurs, nous appelons collectivement à faire le choix de la responsabilité, de l’humilité et de la liberté. Ces valeurs sont le socle de l’inscription de l’alpinisme à l’Unesco au titre du patrimoine culturel immatériel de l’humanité, en 2019.
Les acteurs continuent de s’adapter
C’est dans cet esprit que Gérard Devouassoux [1940-1974, mort sur les pentes de l’Everest], guide et premier adjoint au maire, fondait, à Chamonix (Haute-Savoie), en 1972, l’Office de haute montagne (OHM) dont on fête les 50 ans, après une année noire qui avait fait quarante-cinq morts pour le seul massif du Mont-Blanc. « Il ne faut pas, disait-il, réprimer ni créer aucune espèce d’obligation. Au contraire, il faut renseigner pour prévenir, mettre les connaissances des professionnels au service des “sans guides”, donner des renseignements sur l’état ponctuel de la montagne, sur les difficultés de chaque course, sur l’évolution des conditions météorologiques. »
Depuis cinquante ans, autorités publiques, professionnels de la montagne, sauveteurs et scientifiques, clubs alpins et associations sportives travaillent conjointement à toujours mieux prévenir les accidents en informant, en conseillant, en orientant et en formant sans jamais tomber dans le piège réglementaire. Dans toutes les Alpes, certaines voies normales d’accès à de grands sommets emblématiques sont aujourd’hui fortement déconseillées. Cela ne signifie pas la fin de l’alpinisme estival.
Pour ce qui est des évolutions climatiques, les acteurs de la montagne continuent de s’adapter. Les guides observent, évaluent, conseillent et renouvellent leur offre pour continuer de proposer d’inoubliables expériences de montagne. Les clubs alpins, les associations sportives et les alpinistes amateurs prennent la même voie de l’adaptation et de la responsabilisation.
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