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Un bras du Nil aujourd’hui disparu au cœur du chantier des pyramides


Vue d’artiste représentant le bras du Nil aujourd’hui disparu qui baignait les pieds des pyramides de Gizeh à l’époque de leur construction.

Culminant à presque 140 mètres, la pyramide de Khéops, en Egypte, a été pendant plusieurs millénaires le plus haut monument du monde. Sa construction et celle de ses deux voisines ont nécessité des millions de blocs de pierre, une partie d’entre eux provenant de carrières très éloignées du plateau de Gizeh. Comment, il y a plus de quatre mille ans, le peuple égyptien est-il parvenu à les y acheminer ?

Depuis une vingtaine d’années, un consensus scientifique s’est constitué autour d’une hypothèse : le long d’un bras du Nil aujourd’hui asséché, un bassin artificiel aurait été creusé afin de permettre à des bateaux de livrer leur cargaison au pied des chantiers. En retraçant le passé hydrographique de la région sur les huit derniers millénaires, une nouvelle étude franco-égyptienne vient ajouter des éléments à cette théorie déjà solide. Des résultats publiés lundi 29 août dans la revue Proceedings of the National Academy of Sciences.

« Un puzzle très compliqué »

L’équipe de Christophe Morhange, professeur au Centre européen de recherche et d’enseignement des géosciences de l’environnement (Cerege) d’Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône) et directeur de l’étude, a réalisé des carottages à différents endroits de la zone où est censé s’être trouvé cet ancien bras du Nil.

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« Dans ces prélèvements, nous avons identifié des grains de pollens originaires d’une soixantaine de végétaux grâce auxquels il est possible de suivre les changements de végétation que la région a connus dans le passé », explique Hadeer Sheisha, la première autrice de l’étude, qui réalise son doctorat sur le sujet.

Carte des carottages réalisés au pied des pyramides de Gizeh (points rouges). L’étude des pollens a permis de retracer l’évolution du niveau de l’eau dans un bras du Nil aujourd’hui disparu (bleu clair) susceptible d’avoir favorisé le transport de matériaux de construction.

Chaque végétal étant adapté à des conditions environnementales – et surtout hydrologiques – spécifiques, cette paléopalynologue a retracé l’évolution du niveau de l’eau dans la région. Les résultats confirment l’existence d’un bras du Nil qui se serait asséché au fil des siècles, mais dont le niveau, à l’époque de la construction des pyramides, aurait été adapté à une exploitation par les Egyptiens.

Ce travail « apporte un éclairage original sur l’évolution du Nil, ainsi qu’une nouvelle pièce à un puzzle très compliqué », commente Cécile Blanchet, paléoclimatologue au Centre de recherche des sciences de la Terre de Potsdam (Allemagne).

La géographie locale a bien changé

« En 1970, des premiers carottages avaient été faits à l’occasion de l’installation d’un réseau d’égouts, retrace Pierre Tallet, directeur du Centre de recherches égyptologiques de la Sorbonne. Leur analyse par l’archéologue américain Mark Lehner, pionnier sur le sujet, indiquait déjà l’existence d’une série de bassins artificiels creusés par les Egyptiens pour favoriser l’accès au plateau pour des barges. » L’excavation d’un ancien port par Lehner, puis la découverte, par l’égyptologue français, de papyrus décrivant la topographie des aménagements fluviaux ont ensuite crédibilisé cette hypothèse.

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Written by Milo

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