En souhaitant alerter sur l’impact de l’élevage et de la consommation de viande sur le dérèglement climatique, une députée écologiste a déclenché en cette fin de vacances une polémique enflammée en France en affirmant que le barbecue était «un symbole de virilité».
Finaliste malheureuse à la primaire de son parti pour la présidentielle d’avril 2022, Sandrine Rousseau a lancé le sujet le plus chaudement débattu à la radio ou à la télévision de cette fin août, dans ce pays réputé pour ses traditionnelles entrecôtes frites, bœuf bourguignon ou barbecues l’été.
Samedi, alors qu’elle participait à une table ronde à Grenoble (centre-est), elle a souhaité attirer l’attention sur les conséquences sur le climat d’une consommation excessive de viande rouge, estimant qu’il fallait «changer de mentalité pour que manger une entrecôte cuite sur un barbecue ne soit plus un symbole de virilité». De quoi déclencher la polémique.
«Quand le grotesque atteint son paroxysme… Stop à ces délires!», a notamment réagi sur Twitter le député Les Républicains (droite) et candidat à la présidence de son parti, Eric Ciotti.
«Les femmes consomment deux fois moins de viande que les hommes», a encore insisté lundi, en s’appuyant sur des études, la députée écoféministe (du parti Europe Ecologie-Les Verts – EELV).
«Diminuer sa quantité de viande c’est le geste qui est le plus efficace face au dérèglement climatique (…); c’est le geste le plus efficace, même devant la voiture», a-t-elle ajouté, interrogée sur la chaîne LCI.
«On a vécu pour la première fois cet été les effets concrets de ce dérèglement climatique et bien qu’est-ce qu’on fait ? Qu’est-ce qu’on est prêt à faire ?», a-t-elle interrogé. «La viande fait partie de ces gestes individuels qui ont un effet immédiat et massif» et «ceux qui résistent massivement (à la question +êtes-vous prêts à vous passer de viande+, NDLR), ce sont des hommes», a-t-elle déploré.
«S’attaquer au virilisme»
Dans son intervention télévisée, Mme Rousseau a cité le livre de Nora Bouazzouni, autrice de «Steaksisme» paru en 2021, qui explore nos attitudes face à la consommation de nourriture. L’autrice estime que la nourriture n’échappe pas «aux injonctions genrées» qui «façonnent le genre et renforcent les stéréotypes sexistes, avec des conséquences réelles sur la planète et la santé des femmes et des hommes qui les subissent».
«La sociologie nous explique qu’il y a une différence entre les sexes très fortes» dans le rapport à la viande, a abondé Clémentine Autain, députée La France insoumise (LFI-gauche radicale).
«Les femmes mangent deux fois moins de viande rouge que les hommes (…). Et les personnes qui décident de devenir végétariennes sont majoritairement des femmes», a-t-elle argumenté, sur la chaîne d’informations BFMTV.
Et, «si on veut aller vers l’égalité, il faut en effet s’attaquer au virilisme», a-t-elle poursuivi.
Le député Rassemblement national (extrême droite), Julien Odoul, a aussitôt twitté: «Bravo Clémentine Autain! Il existe des différences physiologiques entre les hommes et les femmes. La masse musculaire des hommes les conduit, depuis la nuit des temps, à consommer davantage de viande (protéines) que les femmes. Ce n’est pas du “virilisme”, c’est juste la nature!»
L’été 2022 a été marqué en France par des records de températures, sécheresse et incendies. La question climatique s’est imposée avec encore plus d’acuité dans le débat politique de la rentrée, et l’exécutif a appelé notamment à la «sobriété».
Estimant qu’il faut aller plus loin, des élus écologistes ont envisagé l’interdiction des piscines privées; et le secrétaire général du parti EELV, Julien Bayou, a appelé à «bannir les jets privés», terriblement polluants.