C’est un véritable cercle vicieux : pour compenser la pénurie d’énergie provoquée par une sécheresse historique et des températures caniculaires dues au réchauffement climatique, la Chine remet à l’honneur le charbon, pourtant reconnu comme l’une des principales causes dudit réchauffement.
Depuis mi-juin, le Yangtsé, qui prend sa source sur le plateau tibétain et se jette dans la mer vers Shanghaï après une course de plus de 6 300 kilomètres, a un débit exceptionnellement bas. Résultat : les provinces qu’il traverse, notamment le Sichuan, ne peuvent plus utiliser ses eaux pour produire de l’électricité alors que les chaleurs extrêmes rendent la climatisation indispensable et entraînent des pics de consommation d’électricité. Pour compenser l’écart et réduire les coupures de courant, les autorités font tourner au maximum les centrales au charbon.
L’administration nationale de l’énergie l’a reconnu le 24 août. Désormais, sa « principale mission » est d’« assurer la fourniture de davantage de charbon », en autorisant l’ouverture de nouvelles mines et en assurant la « stabilité des importations ». Alors qu’en juillet, le pays a produit chaque jour 12 millions de tonnes de charbon – contre 10 millions un an plus tôt – cette administration veut atteindre les 12,5 millions. Sur les sept premiers mois de l’année, la production de charbon a atteint 2,56 milliards de tonnes, soit 11,5 % de plus que durant la même période de 2021. Quant aux importations, elles ont bondi de 24 % en juillet (à 23,5 millions de tonnes) par rapport au mois précédent.
Mix énergétique
Les professionnels sont à la fête. Dans le Guangxi, la foire internationale du charbon qui se tient à l’automne à Yulin doit pousser les murs. En 2021, 60 000 mètres carrés accueillaient environ 500 exposants. Mais cette année, devant le nombre élevé de demandes, 100 000 mètres carrés sont prévus, affirment les organisateurs.
Le charbon occupe une place importante dans le mix énergétique chinois. 56 % de l’électricité produite dans le pays en émane, loin devant le pétrole (20 %), le gaz (8 %), l’hydroélectricité (7 %), les renouvelables (5 %) et le nucléaire (2 %). La part du charbon diminue en valeur relative mais vu que la consommation électrique augmente, elle progresse en valeur absolue.
« Le plan de Pékin est de faire du charbon une ressource auxiliaire », analyse Wu Jinghan de Greenpeace
Néanmoins, la Chine s’étant engagée, par la voix du président Xi Jinping, à diminuer ses émissions de CO2 « avant 2030 » et atteindre la neutralité carbone « avant 2060 », le charbon semblait de moins en moins en cour à Pékin. « Nous allons strictement limiter l’augmentation de la consommation de charbon durant le 14e plan quinquennal (2021-2025) et la réduire durant le 15e plan (2026-2030) », avait affirmé Xi Jinping, en avril 2021, lors d’un sommet organisé par le président américain, Joe Biden, sur le climat.
Il vous reste 40.24% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.