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Une nouvelle course à la Lune a-t-elle commencé ?

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[EN VIDÉO] Bientôt une base permanente sur la Lune ?
  La Lune est l’astre le plus proche de la Terre. Pourtant, depuis la fin du programme Apollo, notre satellite naturel n’a plus connu de visite. Cela pourrait bientôt changer car l’Agence spatiale européenne (Esa) prépare la construction d’une base permanente à sa surface. La chaîne Euronews nous parle de ce projet ambitieux dans ce nouvel épisode de Space. 

1975, nous sommes le 17 juillet quand l’histoire s’écrit à plus de 200 kilomètres au-dessus du plancher des vaches. Un vaisseau soviétique Soyouz s’amarre avec un vaisseau américain Apollo. Après déjà plus de 20 ans de guerre froide et de course acharnée à l’espace, Thomas Stafford et Alexei Leonov échangent une poignée de main à travers l’écoutille qui relie les deux vaisseaux. Nous sommes alors six ans après le succès d’Apollo 11, la victoire décisive des Américains sur les Soviétiques.

Deux jours durant lesquels un équipage international voyageait pour la première fois ensemble, dans l’espace. Cette coopération si symbolique reviendra durant l’époque de la station soviétique Mir, puis sur l’ISS encore aujourd’hui, sans arrêt depuis le 2 novembre 2000. Le temps où l’espace était un terrain de jeu dédié à l’espionnage, à la propagande et aux tensions géopolitiques est désormais bien loin derrière nous. Vraiment ?

Une nouvelle course à l’espace ?

Lorsque l’on entend parler d’une nouvelle course à l’espace, ou d’une course à la Lune ou vers Mars, la réponse est habituellement non. Peu importe les différends entre les pays au sol, l’humanité a appris qu’on avance plus vite et plus loin ensemble, en tout cas au-delà de notre atmosphère. L’exploration spatiale nécessite aujourd’hui une vaste mise en commun des connaissances. Aucune puissance spatiale n’a la volonté, ni la capacité économique, ni le savoir-faire pour réaliser et opérer d’ambitieuses missions scientifiques en totale autonomie telles qu’a pu être le programme Apollo, surtout avec la complexité, la modernité et la fiabilité qui sont de mise actuellement.

Sans aucun doute, la Station spatiale internationale reste le plus solide symbole de la coopération mondiale. Une petite bulle d’air, respiré indifféremment par les Américains, les Russes, les Japonais, les Français, les Allemands, les Italiens, etc., sauf les Chinois.

Un problème chinois ?

Aïe, une première écharde dans la belle utopie que nous commencions à imaginer. Il y a actuellement deux stations spatiales qui tournent autour de notre Planète, l’ISS (International Space Station) et la CSS (Chinese Space Station). Une volonté chinoise de briller par son autonomie ?

Pas vraiment, la Chine est au contraire très friande de collaborations internationales, et ce n’est pas nouveau : le rover Zhurong sur Mars est équipé de technologies françaises, leur savoir-faire astronautique est issu du savoir-faire russo-soviétique, les partenariats s’accélèrent à l’image de l’importante mission SVOM d’astronomie multi-messager franco-chinoise, et déjà 16 pays participent aux recherches scientifiques à bord de la Station spatiale chinoise. De plus, il n’est pas exclu d’avoir des astronautes européens à bord de cette station dans un futur proche, sachant que des entraînements d’astronautes conjoints entre l’ESA et la Chine ont déjà eu lieu.

Alors pourquoi pas d’astronautes chinois sur l’ISS ? La raison se trouve du côté de Washington. Depuis plusieurs années, la Chine n’occupe pas une grande place dans le cœur des Américains. Ceci s’est traduit par des conséquences dans de nombreux domaines, comme l’affaire entre Google et Huawei, mais aussi sur le plan scientifique. Rappelons qu’en sciences il n’existe pas de frontières, en théorie du moins. Les résultats scientifiques sont publiés dans des revues, qui sont accessibles partout dans le monde, mais ce n’est pas le cas des données qui ont servi à produire ces résultats. Ainsi, il est spécifié dans l’appel d’offres de 2013 pour les instruments du rover Perseverance que les données ne pourront être partagées avec la Chine. Plus récemment, ce sont des scientifiques américains exprimant le souhait d’analyser les échantillons lunaires de Chang’e 5 qui se sont heurtés à la politique de leur pays.

Et bien sûr pour les mêmes raisons gouvernementales et notamment du fait de l’amendement Wolf de 2011, l’une des conséquences est que les astronautes chinois ne sont pas autorisés sur l’ISS. Alors assiste-t-on à un clivage bilatéral entre la Chine et le reste du monde constitué des pays prenant part à une sorte « d’alliance ISS » ? Non plus.

Aimez-vous les uns les autres !

Ce serait bel et bien une erreur de croire qu’il existe la Chine et le reste du monde. Ce serait négliger la cohabitation entre les États-Unis et la Russie. Une cohabitation de deux éternels rivaux qui semble aujourd’hui paisible, ou du moins solide. L’ISS joue pour cela un rôle de sceau, qui rappelle même dans les moments de fortes tensions qu’il faut collaborer, qui incite les pays à faire cet effort supplémentaire, comme un vieux couple en perte de vitesse.

Et pourtant, l’actualité a soif de ces tensions, comme lors des accusations de sabotage sur les vaisseaux desservant la station ou sur la station elle-même. Encore très récemment nous étions inondés de l’affaire du test de missile anti-satellite russe qui a provoqué un nuage de débris, mettant en danger l’ISS. Là non plus, la faute n’est pas entièrement russe, l’Inde a réalisé un test similaire il y a quelques mois, la Chine il y a quelques années, et les États-Unis (pionniers en la matière avec les premiers tests en 1985) en préparaient de nouveaux sous l’administration Trump, aucun de ces pays n’a cependant signé de traité international lorsqu’ils en avaient l’occasion.

Les relations entre les États-Unis et la Russie ne sont donc pas forcément si apaisées que cela. Alors pouvons-nous imaginer un rapprochement entre la Russie et la Chine et retrouver un bloc de l’Est ? Après tout ce sont d’anciens alliés et leurs savoir-faire technologiques sont liés comme mentionné plus haut. La réponse n’est pas mieux : pas vraiment.

Récemment la Chine et la Russie ont émis le souhait de réaliser une base habitée sur la Lune, une sorte de concurrent à l’ambition américaine du programme Artemis. Alléchant, mais voilà, rien d’autre n’est fait pour nouer cette relation orientale. On pourrait imaginer de la même manière voir les Russes se retirer de l’ISS pour rejoindre la CSS, mais non : la station chinoise est physiquement inaccessible aux latitudes de l’ex-URSS. Pour avoir un cosmonaute à bord, il faudra nécessairement payer une place sur les fusées chinoises, ou pourquoi pas sur les fusées européennes puisque la question du vol spatial habité européen revient de plus en plus sur le devant de la scène ; la Russie acceptera-t-elle cette dépendance ?

Parlons-en de l’Europe, qui justement a refusé de développer un système de vol habité et a abandonné le projet Hermès, misant sur la collaboration. En effet cela aurait été inutile, les Américains et les Russes disposaient déjà de vaisseaux habités, l’argent et le temps économisé ont permis alors à l’Europe de se développer sur d’autres aspects, comme d’ambitieuses missions d’exploration scientifique. Mais quel avenir pour l’entente entre l’Oncle Sam et le vieux continent ? Quel avenir même pour l’entente entre les pays européens eux-mêmes ? L’Agence spatiale européenne (ESA) n’est aucunement basée sur l’Union européenne, cependant une fragilisation de celle-ci pourrait potentiellement avoir un impact sur les collaborations spatiales.

En résumé, l’avenir est relativement incertain, à l’heure où la Station spatiale internationale arrive petit à petit à la fin de sa carrière et où les ambitions sont tournées frontalement vers le retour de l’humain sur la Lune.

Alors qui gagnerait la course à la Lune ?

Les États-Unis ?

Les Américains sont indéniablement les favoris, puisqu’ils l’ont déjà gagnée face aux Soviétiques il y a plus de 50 ans. Mais le contexte a bien changé, les budgets ne sont pas les mêmes, les enjeux non plus.

Le retour des Américains sur la Lune a déjà été annulé par le passé. Le nouveau programme Apollo ne s’appelait pas Artemis, mais Constellation, il devait servir de suite à la navette spatiale et a donné la catégorie de fusée dite shuttle derived, ou « dérivé de la navette spatiale », c’est-à-dire un lanceur basé sur la même motorisation : deux propulseurs latéraux à poudre et un corps central propulsé à l’hydrogène, comme l’était la navette. Constellation a vu naître alors la gamme de fusée Arès et le vaisseau Orion, analogues respectifs des fusées Saturn et du vaisseau Apollo.

Pour Artemis, Arès a laissé place à la SLS pour Space Launch System, le nouveau lanceur super-lourd de la Nasa, la nouvelle Saturn V, et le vaisseau Orion est, lui, resté dans la course. Initialement prévu pour 2024, le programme est maintenant reporté, pour plusieurs retards, comme le retard qu’aura SpaceX sur le développement du HLS, un Starship modifié qui jouera le rôle du LEM d’Apollo : faire atterrir l’équipage sur le sol sélène. Les prévisions des plus prudents annoncent même l’empreinte d’un Américain sur la Lune pour 2030. Peut-être le temps à d’autres de passer la ligne d’arrivée avant.

La Russie ?

À jamais les premiers sur de nombreux jalons historiques, l’URSS a cependant perdu la course à la Lune, et la guerre froide 20 ans après. L’incroyable savoir-faire soviétique en a subi sévèrement les conséquences. La Russie a perdu ses navettes spatiales, ses lanceurs super-lourds Energuia et N1, et sa motivation pour l’exploration du Système solaire, bref toute ambition de développement.

Et pourtant la Russie est restée leader de l’espace, juste en stagnant, elle n’innovait plus mais elle gardait ses acquis, ses lanceurs Soyouz et Proton. Le pays a pu lancer et opérer l’ISS jusqu’à aujourd’hui, en demeurant la seule et unique porte d’accès à cette station pendant une décennie après l’arrêt des navettes américaines, tout en restant un des leaders du marché commercial de l’espace.

Aujourd’hui, elle semble vouloir retrouver sa gloire. Après l’ISS ? Fini la collaboration, une station spatiale entièrement russe se profile : ROSS pour Russian Orbital Service Station. Le pays avancerait dans une dynamique similaire à la Chine : cavalier seul. Ainsi, en reprenant avec force du poil de la bête, ce serait probablement insuffisant pour rattraper les Américains, mais certainement assez pour arriver devant la Chine, si elle ne devient pas au contraire un allié précieux. Elle est la plus apte à développer une fusée lunaire, elle l’a déjà fait, et elle est en train de le faire : c’est la Yenisey. Lancement prévu pour 2028.

La Chine ?

Propulsée comme nouveau grand rival des États-Unis dans l’esprit du grand public, devant même la Russie, la Chine a connu une ascension fulgurante en astronautique ces dernières décennies. Son programme spatial fut presque exclusivement basé sur une optique militaire (missiles balistiques, la naissance de tous les programmes spatiaux). Mais le pays rattrape rapidement son retard scientifique. En une décennie ont fleuri les programmes Chang’e d’exploration lunaire, qui a conduit au premier retour d’échantillon lunaire depuis Luna 24 en 1976, puis Tianwen pour explorer Mars, qui a conduit à la première sonde opérationnelle sur le sol de la Planète rouge à ne pas être américaine, puis la Station spatiale chinoise, troisième station spatiale modulaire de l’histoire après Mir et l’ISS elle-même, le tout dans une quasi totale autonomie.

La Chine a le potentiel nécessaire et surtout l’ambition, pour poser le pied sur la Lune, mais avant les Américains ? Sûrement pas. Si elle rattrape rapidement son retard, elle a encore du chemin, surtout pour une mission lunaire habitée.

Il lui manque aussi un ingrédient essentiel : un lanceur super-lourd. Apollo avait la Saturn V, l’URSS avait la N1, la Russie va avoir la Yenisey ; la Chine, elle, a la Longue Marche 9, une fusée surpuissante mais qui ne dépasse pas la planche à dessin à l’heure actuelle, lancement prévu d’ici 2030.

Même si la productivité chinoise égalait celle de l’URSS et des États-Unis dans l’âge d’or des années 1960 qui a vu la prouesse de réaliser Apollo en moins de 10 ans, rattraper le programme Artemis s’il se déroule correctement, nécessiterait un miracle. Le match se jouera plutôt face à la Russie.

L’Europe ?

Bien qu’occupant une place parmi les leaders mondiaux, l’Europe n’a pas d’ambition comparable à ses potentiels concurrents, pour l’instant. Cependant l’Europe de demain, c’est l’Europe qui construit la moitié de la future station orbitale lunaire : la Gateway, considérée comme la suite directe de l’ISS mais autour de la Lune, permettant alors d’étudier l’impact des radiations sur le vol habité. L’Europe joue aujourd’hui et demain le rôle qu’a pu avoir la Russie pour l’ISS. Dans la même veine, l’Europe joue une place majeure dans Artemis, c’est elle qui construit la moitié du vaisseau Orion qui transportera les astronautes vers l’orbite lunaire. Si Artemis arrive en premier, ce sera aussi un peu la victoire de l’Europe.

De plus, on sait que l’Europe est friande de collaborations, celles en cours avec la Chine le démontrent bien. Comme évoqué précédemment, c’est une des fortes raisons qui pousse à repenser la problématique du vol spatial habité européen, car l’Europe ne pourra plus compter sur la Russie, et certainement pas sur les États-Unis pour rejoindre la Station spatiale chinoise. Si l’Europe se met à développer ainsi son savoir-faire astronautique, en plus de celui qu’elle a déjà mais qui n’est utilisé qu’à des fins commerciales (Ariane), elle pourrait bien être amenée à penser un lanceur super-lourd, une super-Ariane, et se doter ainsi de la capacité d’envoyer un équipage vers notre satellite naturel.

Mais hors de question ici d’imaginer rattraper Artemis en autonomie ou même d’atteindre la Lune avant les Chinois ou les Russes. L’Europe ne gagnera jamais la course à la Lune, car elle n’ira certainement jamais là-bas seule.

Pourtant, un Européen aura très probablement posé son pied sur la Lune d’ici 10 ans grâce à un vaisseau en partie conçu par l’Europe, les stations orbitales lunaires et les bases au sol lunaires seront sans aucun doute en partie européennes, même si l’autre partie sera russe, chinoise, américaine ou japonaise. La force de l’Europe c’est peut-être au fond de ne pas être autonome comme les autres, mais de collaborer aussi bien avec l’Amérique qu’avec l’Asie, de jouer sur tous les plans, et au final, d’être présent partout.

Et c’est peut-être la seule vraie course qu’il importe de gagner.

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Written by Stephanie

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