Germain
Les data centers très énergivores en électricité, prennent les devants pour anticiper le risque de coupure cet hiver. Les cuves vont être remplies au maximum et les entreprises du secteur sont prêtes à passer sur des générateurs.
L’anticipation. C’est le maître-mot pour toutes les entreprises avant l’hiver, d’autant plus pour les data centers très consommateurs d’énergie. Les entreprises du secteur prennent les devants face au risque de coupure d’électricité dans les mois à venir. Reçue à Bercy aujourd’hui, à l’occasion d’une rencontre avec le ministre délégué chargé de la Transition numérique et des Télécommunications, Jean-Noël Barrot, la filière va faire des propositions pour participer à l’effort de réduction de la consommation d’énergie.
Remplir les cuves à tout prix
La priorité, pour les data centers est de remplir au maximum les cuves de fioul pour alimenter des générateurs qui se mettent en route en cas de coupure, car les sites doivent fonctionner 24 heures sur 24. Grâce à cela, le leader français DATA4, qui opère 17 data centers dans l’hexagone, “sera, par exemple, capable de tenir pendant une semaine, contre 72h en temps normal. Nous allons remplir les cuves de quatre data centers encore en construction pour faire des stocks supplémentaires”, explique Olivier Micheli, PDG de DATA4 et président de France Datacenter. L’opérateur Orange, qui possède une dizaine de data centers en France, va également remplir ses cuves au maximum et procéder à des maintenances et des tests réguliers sur les générateurs.
Participer à l’effort de guerre
Mais l’idée est aussi de participer à “l’effort de guerre”. Alors que les data centers consomment environ 2% de l’électricité en France, la filière se propose de passer volontairement sur générateurs en cas de tensions sur le réseau électrique par exemple en début de soirée. “En contrepartie de cet effort, nous aimerions être reconnus comme des infrastructures critiques, notamment pour être fournis en fioul en priorité”, avance Olivier Micheli.
Des propositions à Bercy
La filière demande également au gouvernement une nouvelle hausse de la part d’électricité nucléaire bon marché vendue par EDF (l’Arenh), pour amortir le choc de la flambée des prix de l’énergie. L’électricité représente 30 à 40% des charges opérationnelles des entreprises de datacenters, ce qui pèse évidemment sur leurs marges et les a poussés à augmenter leurs tarifs depuis le début de l’année.
Géraldine Camara, la déléguée générale de France Datacenter, propose aussi de “pousser les entreprises et les administrations à mutualiser les serveurs”, ce qui consiste à abandonner leurs data centers sur site, souvent peu efficaces d’un point de vue énergétique, pour transférer leurs données dans des installations modernes, gérées par des entreprises spécialisées.
La filière, pour qui l’énergie est devenue un enjeu financier majeur, travaille en effet depuis longtemps sur des solutions pour réduire sa consommation électrique : refroidissement en captant l’air frais à l’extérieur, circulation d’eau froide au plus près de serveurs ou utilisation de l’intelligence artificielle pour maîtriser au mieux la consommation.
Anticipation internationale
Ce problème ne concerne pas uniquement les data centers français. Le numéro 1 mondial l’américain Equinix va remplir à 90% ses cuves pour ses sites en Europe. Tout comme son rival Digital Reality Trust. Les deux entreprises achètent également des réserves supplémentaires de diesel pour fournir une alimentation de secours, souligne le Financial Times.
Dans le monde, les centres de données consomment environ 200 à 250 térawattheures d’électricité par an, selon l’Agence internationale de l’énergie, ce qui équivaut à 1 % de la demande totale.
